La seconde partie de ce cours signé Sebi Ji, E-prof de soutien scolaire philosophie en ligne, met en avant le concept de travail devenu motivation et plaisir

prof philoNous avons vu lors de notre précédent cours de philosophie en ligne que le travail n’avait pas toujours eu bonne réputation. Son origine étymologique et le sens biblique qui lui a été conféré pendant des siècles en ont fait une activité punitive réservée aux classes sociales les moins favorisées. Ainsi, tout bon grec du temps jadis possédait des esclaves afin de pouvoir s’adonner joyeusement à des activités politiques ou spirituelles. Dans cette perspective, voir des millions d’individus pointer chaque mois dans l’espoir de trouver un travail, en voir d’autres mettre fin à leurs jours parce que personne ne veut les embaucher, et d’autres se pavaner de leur situation professionnelle qui pourtant ne leur laisse point de répit, voilà qui a de quoi intriguer un esprit critique. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quels philosophes-magiciens ont transformé l’esprit des peuples pour leur faire désirer le travail, et comment y sont-ils parvenus ?

 Pour aller plus loin, retrouvez également notre cours de philosophie :

Désir et jouissance

Le travail spiritualisé

Denis Diderot peint par Louis-Michel van Loo (photo Wikipedia). Le siècle des Lumières place le travail comme valeur, idéal, vertu.

Denis Diderot peint par Louis-Michel van Loo (photo Wikipedia). Le siècle des Lumières place le travail comme valeur, idéal, vertu.

C’est à partir de la période moderne (1492-1789) que la notion de travail se trouve réhabilitée. Sous l’influence de penseurs comme Diderot et des encyclopédistes, le travail devient valeur, idéal, vertu. Loin de représenter une punition, il est porteur d’espoir et doit permettre l’émancipation du sujet et le progrès pour tous. Si le travail représente ainsi l’élévation sociale, le savoir-faire, l’utilité, l’efficacité ou encore la réussite sociale, il contribue également à l’épanouissement dans la sphère privée, grâce, notamment, aux fruits qu’il apporte. Et ce n’est pas tout! Le travail, jadis punition divine pour faute spirituelle, se retrouve lui-même spiritualisé. Ainsi, à partir des Lumières, on commence à concevoir le travail comme conquête et maîtrise du monde : c’est par le travail que l’esprit imprime son empreinte sur la nature, qu’il la spiritualise en la transformant selon ses plans. Nous sommes à l’aube de grands bouleversements socio-économiques : l’ère du travail qui suivra sera en effet celle du travail généralisé. Tout le monde au boulot !

Le travail : une spécificité humaine qui permet à l’esprit de maîtriser la nature

L’homme est un animal biologique. En tant que tel, il doit transformer son milieu pour subvenir à ses besoins. Toutefois, l’acuité et l’amplitude de la conscience humaine sont sans comparaison avec la conscience des animaux. L’homme n’est pas un animal comme les autres, mais un animal appelé à dépasser ses besoins; c’est cela qui constitue son originalité. Ainsi, travailler, ce n’est pas uniquement tirer profit de la nature afin de satisfaire nos besoins — ce que fait instinctivement tout animal. Les animaux sont en réalité travaillés par leurs besoins. Plus qu’une action proprement dite, la production animale est une réaction non réfléchie aux conditions du milieu, une réaction régie par l’instinct. Les animaux s’adaptent au monde mais ne le maîtrisent pas; ils ne le pensent pas et ne le connaissent pas. En revanche, le travail est une action consciente et non une production instinctive.

« Ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche »  Marx.

 

Par le travail, la matière inconsciente et inorganisée prend la forme de l’esprit, lequel donne à celle-ci un sens nouveau, humain, conscient. Ainsi du bloc de marbre qui devient une représentation d’un héros sous les coups de marteau du sculpteur. Il ne s’agit donc pas simplement de faire de la matière un produit à consommer en fonction de l’urgence de nos besoins. Il s’agit d’innover selon les lois de l’esprit, au delà du simple besoin.

Le travail: réalisation de la conscience de soi et libération de l’humanité

L’homme est un être de désir, et pas seulement de besoin. Si le besoin est facteur de conservation, le désir est impulsion et promesse permettant à l’homme de se réaliser, de devenir en acte ce qu’il est qu’en puissance. Or, c’est par le travail que le désir se réalise. Comme la réalisation du désir est corrélative à celle de la conscience de soi, il suit que le travail permet également à la conscience de se déployer. C’est en réalisant mes désirs que je me crée et me déploie dans le monde, prenant conscience de moi-même en tant qu’être se dépassant, se réalisant, tandis que la pure conscience théorique de soi, immobile, statique, ne reste qu’une simple affirmation vide. L’homme n’est pas, il se crée et crée avec lui un monde humain par lequel il s’objective et se réalise. C’est en niant mon immédiateté, qui je suis maintenant, en transcendant ma nature et la nature que je deviens moi-même.

En outre, par son action, l’humain s’auto-produit et crée un monde meilleur, à son image. Tel est le sens de l’Histoire selon Hegel: un monde qui s’humanise en prenant la forme de l’esprit humain. Le travail est le moteur de ce devenir et donc facteur de libération de l’humanité.

Prendre plaisir au travail

engrenageCette approche très positive du travail semble tout aussi recevable que celle, négative, d’autrefois. Pourquoi, en effet, blâmer une activité si essentielle à l’homme ? Notre constitution physique et intellectuelle se prête parfaitement au travail, et vouloir dénigrer le travail relève sans doute davantage d’un certain type de despotisme que d’un raisonnement juste. « Prendre plaisir au travail » est ainsi une expression tout à fait sensée. Néanmoins, de nombreux travailleurs se satisfont peu de leur condition. Sans doute conviendrait-il, alors, de quitter l’univers de l’abstraction philosophique afin de s’introduire humblement dans le monde concret du travail. Sans doute, alors, verrions-nous, autour du travail, des rapports humains injustes et des pressions psychologiques insupportables si bien que, ce qui est à condamner, ce n’est pas tant le travail en lui-même que les conditions dans lesquelles on travaille, c’est-à-dire l’environnement extérieur au travail qui reflète l’égoïsme et l’abus de pouvoir de certains individus.

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