LMarion soutien scolaire français’année 2016 commémore les 400 ans de la mort du fameux dramaturge anglais, William Shakespeare. Zoom sur le théâtre élisabéthain.

Ce cours de soutien scolaire français en ligne spécial collège (troisième) et lycée (seconde) vous donne l’occasion de (re)découvrir cet auteur, son œuvre et son époque notamment à travers le film de John Madden Shakespeare in Love qui nous offre une particulièrement bonne reconstitution historique de ce que fut le théâtre élisabéthain.

Qu’est-ce que le théâtre élisabéthain ?

On désigne sous le terme théâtre élisabéthain le foisonnement que connut le théâtre en Angleterre et plus particulièrement à Londres entre 1562 et 1642, date à laquelle le Parlement décida d’interdire toutes les représentations théâtrales. Cette période d’effervescence porte le nom de la reine Elisabeth Ière qui régna de 1558 à 1603. Effervescence en effet, puisque 1500 pièces environ ont été dénombrées et par moins d’une centaine de dramaturges ! La reine Élisabeth fut notamment une pièce maîtresse de cette ébullition puisque, en tant que femme cultivée et esthète, elle fut un véritable mécène pour le théâtre ; elle créa un climat de confiance qui favorisa les créations théâtrales puisque la politique étatique protégeait les troupes et les comédiens.

William Shakespeare profita donc de cette agitation puisqu’il vit le jour à Stratford-upon-Avon en 1564. Acteur lui-même et membre d’une troupe, il était également copropriétaire du célèbre théâtre Le Globe. À l’origine, les théâtres étaient mobiles et se déplaçaient dans toute la ville pour jouer sur les places publiques. À la fin de chaque représentation, les acteurs faisaient la quête. Puis, progressivement, il fut décidé de réunir ces différents théâtres mobiles en un seul et même lieu. C’est la naissance du théâtre implanté comme lieu de représentation ce qui favorisa l’effervescence théâtrale de cette époque puisque les troupes avaient des lieux fixes pour répéter et jouer leurs pièces. Celles-ci deviennent alors payantes, excluant de fait les plus pauvres… Quant aux spectateurs pouvant s’offrir une entrée, deux possibilités se présentaient à eux : debout dans le parterre pour les plus modestes, ou assis dans les loges et gradins pour les plus riches. Le film américain Shakespeare in love de John Madden a particulièrement bien recréé ce décor :

Théâtre élisbabéthain dans le film américain Shakespeare in love de John Madden.

Théâtre élisabéthain dans le film américain Shakespeare in love de John Madden. (Photos United International Pictures)

Sur ces deux photos extraites du film, on distingue bien le parterre où se réunissait le peuple : les spectateurs sont debout et sont très près de la scène. La scène était une plate-forme ouverte sur trois côtés et qui s’avançait dans la salle : le public la cernait donc complètement et la proximité avec lui bannissait de fait toute tentative d’illusion ou d’effets spéciaux. Derrière, on distingue les gradins où les personnes plus riches pouvaient elles s’asseoir.

les comédiens étaient particulièrement proches du public.

les comédiens étaient particulièrement proches du public.

Les spectateurs, de par leur proximité avec l’espace scénique et le petit prix des places debout dans le parterre, étaient très investi ans la pièce (surtout celui du parterre) : ils étaient souvent turbulents et réagissaient à ce qui se passait sur scène. Cette réactivité est bien mise en évidence dans la dernière partie de Shakespeare in love lorsque la représentation de Roméo et Juliette a lieu : Roméo boit le poison et meurt laissant alors le public en larmes ; puis Juliette se réveille de son sommeil et le film fait entendre la surprise des spectateurs ; elle cherche Roméo étendu derrière, « Où est mon seigneur ? Je me rappelle bien en quel lieu je dois être : m’y voici… Mais où est Roméo ? » (V,3) lorsqu’une spectatrice, en l’occurrence sa nourrice, crie en pleurant : « Mort ! » La réaction du public est toujours très forte lorsque Juliette sort sa dague et se suicide sur le corps mort de son amant.

L’espace scénique

L’espace scénique est quant à lui disposé en plusieurs niveaux notamment avec un balcon qui la surplombe. C’est sans doute sur celui-ci que Hamlet fait ses balades nocturnes dans la pièce éponyme, et encore plus certainement là que se déroulait la très célèbre scène du balcon dans Roméo et Juliette, à l’acte II scène 2 :

Le jardin de Capulet. Sous les fenêtres de l’appartement de Juliette. Entre Roméo.

Roméo : Il se rit des plaies, celui qui n’a jamais reçu de blessures ! (Apercevant Juliette qui apparaît à une fenêtre). Mais doucement ! Quelle lumière jaillit par cette fenêtre ? Voilà l’Orient, et Juliette est le soleil ! Lève-toi, belle aurore, et tue la lune jalouse, qui déjà languit et pâlit de douleur, parce que toi, sa prêtresse, tu es plus belle qu’elle-même ! […]

On voit cette fameuse scène dans la photo ci-contre extraite du film Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli (1968).

On voit cette fameuse scène dans la photo ci-contre extraite du film Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli (1968).

Décor fixe et costumes fastueux

schéma théâtrecostumes théâtre élisabéthainLe décor quant à lui était fixe : le fond de scène servait d’unique et même toile de fond du début à la fin de la pièce. Lorsqu’une scène se déroulait dans un lieu différent de celle précédente, les personnages le spécifiaient dans leur texte afin que le public situe et imagine le lieu de l’action. Cette relative simplicité des décors n’empêchait cependant pas le faste des costumes comme le montre le film de John Madden.

Pas de femme sur scène

Travestissement theatre

Unique solution pour les rôles féminins : le travestissement.

L’ère du théâtre élisabéthain se caractérise aussi par l’interdiction faite aux femmes d’être comédiennes, thème central de Shakespeare in love. Les hommes devaient donc interpréter les rôles féminins en se parant de perruques et de maquillage, et en tentant, autant que faire se peut, de pasticher les gestes, postures et voix des femmes. Dans le film qui nous sert d’appui ici, le rôle de Juliette est tenu par un très jeune homme, un adolescent très certainement, qui n’a pas encore mué de voix et qui détient des traits très fins, le rapprochant de ceux d’une femme. Ce n’est qu’en 1662 que Charles II alors roi d’Angleterre, autorise enfin les femmes à jouer dans les pièces de théâtre. Shakespeare n’aura donc jamais pu, de son vivant, voir une femme interpréter les grands rôles féminins de son répertoire…

 Sous la scène, une trappe

Trappe scene theatreLa scène comporte aussi un « sous-sol », c’est-à-dire un espace sous le plancher accessible par une trappe. On peut notamment voir cet espace dans Shakespeare in love  lorsque les deux amants héros du film s’y retrouvent lors d’une répétition…

C’est donc durant cette époque si favorable à la création théâtrale que William Shakespeare écrit et mit en scène les très nombreuses pièces que nous lisons encore aujourd’hui. Et si de très nombreux films nous permettent de nous plonger dans son œuvre, rien ne saura remplacer le texte empreint d’une écriture riche, poétique et pleine d’évocations…

Espérons que cet article de Marion, E-prof de soutien scolaire français en ligne, sera propice à un exposé et une lecture différente de Shakespeare.

4 réponses
  1. Margaux1èreL
    Margaux1èreL says:

    Merci pour cet article explicatif. J’ai un devoir prochainement et subsiste néanmoins une question qui nous a été posée par notre professeur et à laquelle je n’arrive nulle part à trouver de réponse: comment étaient fait les effets spéciaux à l’époque de Shakespeare? Car il est vrai qu’aujourd’hui, une simple baisse de luminosité ou une brume s’évadant d’une trappe venue du sous-sol se fait aisément, mais qu’en était-il à l’époque? Et même s’il est stipulé dans votre article que ceux de devant ne les discernaient pas, alors que voyaient ceux blottis dans les loges? Merci par avance de m’éclairer sur ce point, avec ou sans explication bien-sûr, car il est possible qu’on ne connaisse pas les techniques de l’époque.

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    • Prof Express
      Prof Express says:

      Bonjour Margaux, nous savons que l’incendie du théâtre le Globe en 1613 a été provoqué par un canon dont la bourre s’est enflammée, canon prévu initialement pour des effets spéciaux. La trappe sur la scène servait aussi à ces effets spéciaux. Les troupes n’hésitaient pas à utiliser de la fumée, de faux spectres pendus… Le toit recouvrant la scène est à cet effet muni de poulies, tringles, contrepoids…

      Nous avons également lu que  » Dans son ouvrage The ShakespeareanStage, drew Gurr précise que des éponges de vinaigre cachées sous les aisselles pour simuler une blessure. L’utilisation d’eau et de fumée, et l’imitation sonore du tonnerre sont les seules concessions au réalisme.
      Je vous donne le lien https://www.erudit.org/fr/revues/annuaire/2001-n30-annuaire3676/041471ar.pdf

      En espérant que ces courtes infos vous serviront. Bonne chance!

  2. Margaux1èreL
    Margaux1èreL says:

    Merci beaucoup pour cette réponse! Elle m’est d’une grande aide, je n’avais jusqu’ici pas la moindre idée de ce que cela pouvait être et je peux désormais en savoir plus, ainsi qu’avec votre lien. Merci encore et à bientôt sur Prof express!

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