Ton E-prof de soutien scolaire en ligne te propose ce cours de philosophie en 2 parties, 2 références fondamentales, la Révolution scientifique et la technique mondiale destructrice, où la philosophie rejoint l’histoire.

La technique selon Hannah Arendt

« Les hommes qui ne pensent pas sont comme des somnambules »

1/ la Révolution scientifique, cause de l’esprit technique

Cours de philo, hannah Arendt et la technique

L’apparition de la technique correspond à une révolution scientifique qui ne représente pas, selon Arendt, un progrès.

Arendt, comme son maître Heidegger, critique le monde moderne, caractérisé par l’absence de réflexion sur les fins et une préoccupation exclusive des moyens. Par exemple, le téléphone portable, qui est un moyen pour, notamment, communiquer, est souvent vu comme un objet désirable en soi, comme une fin. La croissance économique, laquelle ne devrait être qu’un moyen en vue du bonheur des êtres humains, est considérée par de nombreux économistes, gouvernements et entreprises comme une fin en elle-même, et sert à justifier, ici et là, des licenciements, l’intensification insupportable de la production, ou encore l’exploitation d’individus en Asie.

Arendt s’interroge sur les conséquences spirituelles de l’apparition de la technique. Elle découvre qu’elle correspond à une révolution scientifique qui ne représente pas, selon elle, un progrès. Arendt explique que « la révolution scientifique se caractérise par le passage d’une conception contemplative de la science à une conception active et opérative ». La science moderne triomphe à partir du 17e siècle, avec l’idée que la vérité ne peut être qu’expérimentale, que l’on « ne peut connaître que ce que l’on fait ». La vérité s’obtiendrait ainsi uniquement par l’intermédiaire d’outils et de processus, et non plus par la contemplation, comme chez les grecs de l’Antiquité.

2/ la crise de l’éducation

Cette instrumentalisation du monde est une attitude typique de l’homo faber. L’époque moderne se caractérise par une inversion des valeurs chères aux Anciens, avec la suprématie de la vie active sur la vie contemplative. Ce changement est responsable de ce que Arendt appelle « la crise de l’éducation », avec l’apparition de pédagogies nouvelles dont l’objectif est de substituer le jeu au travail, et le faire à l’apprendre. Plus que le savoir lui-même, ce sont les processus de son acquisition qui importent.

3/ La disparition de la tradition

Selon Arendt, la pire conséquence de l’irruption de la technique, c’est la disparition de la tradition. Désormais, le passé est considéré sans réflexion comme dépassé.

Textes d’Arendt autour de la technique

Les moyens comme une fin en soi

Parmi les principales caractéristiques de l’époque moderne, depuis ses débuts jusqu’à nos jours, nous trouvons donc les attitudes typiques de l’homo faber : l’instrumentalisation du monde, la confiance placée dans les outils et la productivité du fabricant d’objets artificiels ; la foi en la portée universelle de la catégorie de la fin-et-des-moyens, la conviction que l’on peut résoudre tous les problèmes.

La condition de l’homme moderne

La crise de l’éducation

Il me semble que le conservatisme, pris au sens de conservation, est l’essence même de l’éducation, qui a toujours pour tâche d’entourer et de protéger quelque chose – l’enfant contre le monde, le monde contre l’enfant, l’ancien contre le nouveau. (…) C’est justement pour préserver ce qui est neuf et révolutionnaire dans chaque enfant que l’éducation doit être conservatrice.

La crise de l’éducation

La technique mondiale destructrice selon Günther Anders

soutien scolaire philo en ligneGünther Anders, le premier mari d’Hannah Arendt, affirme que la technique a remplacé l’homme. L’homme, auteur de l’histoire jusqu’à peu, en est devenu le fonctionnaire, et c’est la technique qui est désormais le sujet de l’histoire. Dans son ouvrage Hiroshima est partout, Il souligne le décalage entre la capacité de l’homme à concevoir et produire et les effets de cette production. Anders conclut, résigné, que nous vivons dans un monde « habité par des meurtriers sans méchanceté et par des victimes sans haine ». La cause principale de cet état de fait est le laisser-aller de tous et le règne de la médiocrité. Arendt, faisant référence au procès de Nuremberg à propos d’Eichmann,  parle de « banalité du mal ». Eichmann, responsable de millions de morts et dont les capacités intellectuelles étaient remarquables, est coupable d’avoir renoncé à penser, selon Arendt. Par un raisonnement analogue, nous pourrions tous à l’avenir être jugés responsables des conséquences du réchauffement climatique. Notre crime : avoir renoncé à penser.

Texte autour de la technique mondiale destructrice

La théorie de la technique mondiale destructrice fait rejoindre la philosophie et l’histoire.

Eichmann et le procès de Nuremberg

C’était en octobre 1944, à Budapest, nous (cinq SS et Eichmann) étions assis. Un des jeunes officiers, faisant allusion aux Juifs qu’il fallait exterminer, demanda :
– Combien y en a-t-il ?
– Environ cinq, répondit Eichmann.
Nous savions tous qu’il voulait dire cinq millions. Puis quelqu’un demanda, sans réfléchir :
– Mais après la guerre ? Est-ce qu’on ne va pas nous demander où sont passés ces millions ?
Eichmann eut un geste de la main et répondit :
– Cent morts, c’est une catastrophe. Un million de morts, c’est une statistique.
Eichmann avait raison. Un million de morts dépasse l’entendement.

Témoignage de Simon Wiesenthal relatant le récit d’un officier SS, Procès de Nuremberg

 

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