star wars et soutien scolaire en ligne

Notre E prof de soutien scolaire français en ligne se penche sur l’épopée de George Lucas. Une analyse comme vous ne l’avez jamais vue destinée aux lycéens (et autres fans de tous âges).

Le soutien scolaire en ligne permet également de sortir des sentiers battus en analysant des textes et oeuvres différents des programmes habituels. Eric vous emmène vers une redécouverte de Star Wars avec un regard affûté…

« Luke, tu découvriras que beaucoup de vérités auxquelles nous tenons, dépendent avant tout de notre propre point de vue ».

Obi-Wan Kenobi

Est-il encore besoin de présenter Star Wars, saga intergalactique mêlant science-fiction et fantasy conçue primitivement comme une trilogie parue entre 1977 et 1983 ?

Nous savons que, comme de nombreuses œuvres, Star Wars s’appuie sur des faits biographiques. Par exemple, la chienne de Lucas a inspiré Chewbacca, un de ses enfants le nom de Jar Jar Binks ou son plat favori, un hamburger avec une olive posée contre, la forme du Faucon Millénium.

Des personnalités historiques ont également pu inspirer des personnages. Digne héritier de Machiavel, le Sénateur Palpatine nous rappelle ainsi Hitler, Napoléon, César ou Alexandre le Grand.

Des faits réels comme le Blitz sur Londres de la Seconde Guerre Mondiale, le climat de Guerre Froide qui la suivit ou la guerre du Viet-Nam qui voit une démocratie courant le risque de la dictature sont indéniablement à la source de bien des aspects de l’intrigue.

De notre côté, nous nous intéresserons ici aux influences artistiques et culturelles de cette odyssée intergalactique où chaque culture a sa place… en dehors de l’Empire.

Votre e-prof de lettres va ainsi décrypter avec vous quelques influences cinématographiques, littéraires et culturelles de cette série culte afin de vous faire comprendre que rien ne surgit ex nihilo mais s’appuie sur une culture commune et qu’un texte renvoie toujours à un autre texte dans ce qu’on nomme l’intertextualité.

L’intertextualité intergalactique

La galaxie de l’intertextualité est une nébuleuse où se perdre entre,inter-, para-, méta-, hypo-et hypertexte (le même que notre dans notre http://).

Pour faire bref, voici un résumé de la définition donnée dans notre article Intertextualité et intericonicité

C’est un outil d’analyse littéraire utilisé pour décrire toutes les relations qui unissent un texte à un autre, dès lors qu’il le cite ou y fait allusion de manière explicite (évidente) ou implicite (sous-entendue).

On ne produit jamais dans un désert culturel et chaque texte ou œuvre se nourrit en permanence d’autres textes, réactualisant manipulant et se réappropriant des références empruntées à d’autres.

Outre la citation et l’allusion d’un texte dans un autre, l’intertextualité englobe aussi les formes de réécritures d’un texte dans un autre comme le pastiche (imitation d’un texte ou d’un auteur), la parodie (imitation caricaturale d’un texte ou du style d’un auteur), la transposition et l’imitation.

Comme nous allons le voir, la galaxie Star Wars s’inspire d’’œuvres littéraires et cinématographiques mais fait également références à de nombreuses cultures et traditions.

Un générique en forme d’empreinte génétique

Le générique lui-même, que tout le monde reconnaît entre mille, constitue une des spécificités apparentes de Star Wars.

générique de star wars

Il se présente, surprise et scandale à l’époque, sous forme de livre avec un titre suivi d’un résumé déroulant (le fameux « roll up » emprunté aux épisodes de Flash Gordon) la situation initiale au présent de narration comme temps de base associé au passé composé pour ancrer le récit simultanément dans un passé mythique et un présent intemporel.

La formulette d’introduction n’est pas sans rappeler le début des contes, traditionnellement situés dans un passé et dans des lieux indéfinis et lointains

Et ne voyage-t-on pas hors du temps avec cette saga aux airs d’Odyssée comme nous l’indique « la galaxie très très lointaine » ?

Le début in medias res de l’épisode 4, La Guerre des Etoiles nous rappelle également L’Iliade et les combats de l’épopée.

Dans la saga, comme dans La Forteresse cachée de Kurosawa, la narration est prise en charge par deux personnages secondaires, C3PO (Z6PO dans la version française des épisodes 4,5 et 6 ) et R2-D2 qui font d’emblée entrer dans l’atmosphère de science-fiction avec le dialogue suivant :

« Tu as entendu, ils ont coupé le réacteur central, nous allons être pulvérisés ».

Une phrase liminaire qui met tout de suite au cœur de la menace et nous incline à prendre parti pour ses deux créatures à l’apparence plus ou moins humaine et attachante dont la différence physique peut rappeler le couple de Sancho et Pança dans Don Quichotte de Cervantès ou celui de Laurel et Hardy.

De Carter à Luke Skywalker

Princess of MarsOn a souvent considéré (voir article sur mars) qu’Edgar Rice Burroughs, l’illustre inconnu auteur de Tarzan, était l’inspirateur des petits hommes verts de Mars qui parcourent la science-fiction et de la saga Star Wars.

En 1977, Lucas a dit très clairement comment il avait été inspiré par l’œuvre de Rice : « A l’origine, je voulais faire un film sur Flash Gordon, avec tout son décorum mais je n’ai pas pu obtenir les droits. J’ai alors commencé à chercher et trouvé où Alex Raymond, le créateur de Flash Gordon, avait trouvé son idée : les œuvres de Rice et en particulier sa série de livres avec John Carter dans Le cycle de Mars, héros des trois premiers romans (1917-1919).

En outre, la première ébauche de l’Empire contre-attaque, a été écrite par l’auteur de science-fiction Leigh Bracket qui a déclaré : « Je suis entrée très jeune en contact avec l’œuvre d’Edgar Rice Burroughs, cela a changé le cours de ma vie, ma fascination pour Mars vient de la fascination pour sa Mars »

Il est ainsi difficile de ne pas voir à quel point son influence a également façonné Star Wars par le biais de Burroughs. Certaines influences concernent l’intrigue, d’autres le style des personnages.

On peut voir dans la comparaison en bikinis ci-dessous entre Dejah et Leia :

comparaison en bikinis entre Dejah et Leia
Dejah Thoris, la princesse de Mars, était habituellement décrite et dépeinte comme portant des bikinis dorés découvrant une bonne partie de sa peau. Et c’est également le cas de Léia dans le Retour du Jedi

George Lucas a également emprunté un certain nombre de sa nomenclature à Burrroughs.

Qui s’est ainsi déjà demandé d’où provenait le mot « Jedi » ? Bien qu’il puisse être rapproché d’une langue asiatique, les monarques trouvés sur Mars sont respectivement nommés Jed (roi), Jeddak (empereur) et Jeddara (impératrice) dans La Princesse de Mars.

Quant aux Sith, ils peuvent également venir du cycle de Mars où un « sith » est une créature ressemblant à un frelon et le peuple des Martiens Rouges chevaucheurs de Sith peut avoir inspiré le peuple entier des Sith au tient cramoisi de KOTOR (The Knights Of The … Republic)

A la fin de L’attaque des clones, on assiste à une scène de bataille épique où Joda intervient avec sa joyeuse bande de clones pour sauver l’infortuné Jedi d’une mort certaine.

L’attaque des clones

Une scène qui rappelle Carter combattant des monstres extraterrestres enchaînés lors de jeux du cirque.

 

Tatooine (qui rappelle le fameux « Va voir à Tataouine » de certains aïeux) et Geonosis partagent en commun les paysages désertiques de Barsoom. Le film inspiré des aventures du héros éponyme John Carter comme cet épisode de Star Wars contiennent de longues séquences de combat d’arène, en écho avec celle du livre originel de Burroughs.

Le Nexu, puissant carnivore vivant dans les forêts de Cholganna, sur le continent d’Indona. peut également fort bien avoir été inspiré par le calot, Woola, d’une taille de poney shetland muni de dix petites pattes et affublé d’une tête de batracien que l’on trouve chez Burroughs.

Quant aux pouvoirs que John Carter reçoit lorsqu’il est transporté sur Mars, ils peuvent également être vus comme le prototype des capacités physiques procurées par la Force. Il est capable de bondir plus haut, courir plus vite et combattre plus rudement, avec rien moins qu’une épée, que personne d’autre sur la planète. On trouve encore des connotations religieuses et mythologiques chez Burroughs ou dans le film inspiré des histoires de Carter qui ont sans équivoque inspiré des aspects de la Force.

Les influences médiévales de la saga

La légende médiévale arthurienne a servi également de modèle (l’hypotexte).

On le voit à travers le personnage du héros naïf et déshérité, comme Perceval, appelé à l’aventure et adoubé chevalier lorsqu’il a la maîtrise de l’épée « magique ».

Le héros, aidé par son mentor (oui, oui, le même que pour Ulysse), vieil ermite comme Merlin ou Obi-Wan, accède finalement au statut suprême de roi ou de Jedi, une confrérie inspirée de celle de la Table Ronde.

Le nom même de Han Solo peut évoquer phonétiquement pour certains Lancelot.

La présence d’une princesse en détresse n’est pas non plus sans rappeler le cycle arthurien.

On retrouve également l’atmosphère chevaleresque de la littérature courtoise avec une princesse Leia apparemment autant inaccessible que la Guenièvre médiévale et qui peine à avouer ses sentiments à un aventurier comme Han Solo ainsi que le montre le dialogue suivant extrait de :

« – Tu sais Han, on a beau s’être beaucoup affrontés, j’ai toujours détesté te voir partir.

  • C’est pour ça que je filais, c’était pour te manquer. »
  • Et tu m’as manqué.
  • On a quand même eu du bon.

Même de l’excellent.

Il y a quand même des choses qui ne changeront jamais. »

Dark Vador lui-même n’est pas sans rappeler la figure du traître Judas au milieu des douze apôtres ou Ganelon au milieu des douze pairs de Charlemagne dans La Chanson de Roland. Dans Star Wars, le méchant a réussi et fait songer à l’ange révolté qu’est Lucifer.

valentin et orson

Valentin et Orson

Il apparaît encore que l’un des épisodes contribuant à « combler les trous » de la saga décrit la réparation du sabre-laser d’Obi-Wan Kenobi. Ce motif de « l’épée reforgée » est fréquent dans la littérature médiévale tout comme dans le Siegfried de Wagner.

Même les passerelles vacillantes participant au suspense des scènes de combat font écho aux gués périlleux » du roman arthurien comme le pont de l’Epée dans Lancelot ou le chevalier de la charrette de Chrétien de Troyes.

Certains critiques ont même pu faire un rapprochement judicieux avec une chanson de geste très tardive, celle de Valentin et Orson.

Deux jumeaux, fils d’un méchant seigneur, sont séparés à leur naissance ; le premier est élevé par un écuyer du roi Pépin, le second par un ours. Devenu grand, Valentin retrouve Ourson à qui il fait réintégrer le monde civilisé. Le point central du texte est le motif de la lutte entre le père et le fils, Valentin finissant par occire son géniteur.

De Gandalf à Obi-Wan

La saga du Seigneur des Anneaux de J.R.Tolkien (1954-1955), roman en trois parties, est une autre source d’inspiration de Star Wars. Les rapprochements sont manifestes au niveau de la trame narrative en plusieurs épisodes plus ou moins indépendants et à la conception et à la réception non chronologique, certains épisodes écrits après, s’insérant avant la trame narrative préexistante.

Un autre procédé narratif commun concerne à exporter l’histoire d’amour des protagonistes hors du récit-cadre pour les rapporter. L’idylle entre Aragon et Arwan, comme Han Solo et Léia est exporté aux confins de la galaxie Star Wars dans l’univers étendu.

Au niveau des personnages, le rapprochement entre Merlin, Gandalf et Obi-Wan Kenobi est assez évident aux lecteurs et cinéphiles avertis que vous êtes.

rapprochement entre Merlin, Gandalf et Obi-Wan Kenobi

On peut voir ci-dessous l’utilisation de Tolkien effectuée par Lucas dans la scène 39 de la troisième version au brouillon de La Guerre des Etoiles :

« – Bonjour !

– Qu’entendez-vous par « Bonne journée » ? Pensez-vous que c’est une bonne journée pour vous, ou me souhaitez-vous une bonne journée, bien qu’il soit évident que je n’en ai pas une, ou pensez-vous que les journées en général soient bonnes ?

– Tout cela à la fois, je suppose. »

qui fait écho à l’original :

« Que voulez-vous dire ? dit-il. Vous me souhaitez une bonne journée, ou pensez-vous que ce soit que je le veuille ou non une belle journée, ou que vous vous sentez bien ce jour, ou que c’est un matin où il faut être bon ? »

Des robots venus du fond des âges

« Que Dieu me débranche, des machines qui créent des machines. Quelle perversité ! »

L’attaque des Clones

Une autre influence inévitable pour tout amateur sérieux de science-fiction est Isaac Asimov, écrivain américano-russe, qui a l’idée de planètes-villes comme Coruscant, centre de la galaxie.dans Star Wars.

Son cycle des Robots pose les bases de la conception des droïdes que l’on retrouve dans Star Wars. Les robots aux mains de l’Empire contrevenant par ailleurs allégrement aux lois d’Asimov :

r2d2Première Loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. » ;

Deuxième Loi : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi. » ;

Troisième Loi : « Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. »

S’il est une réplique amusante qui pose questions et pourrait passer inaperçue, c’est celle de C-3PO dans L’attaque des clones :

« Je suis bon pour la ferraille. C’est un cauchemar. Mais mon dieu, qu’ai-je fait pour mériter ça ? »

où notre froussard préféré, étrange machine, comme doué du don de préscience, s’inquiète pour son avenir, semble posséder une vie psychique nocturne et culpabilise en invoquant un dieu personnel.

Star Wars et septième art

Lucas et Kurosawa

les sept samouraïsLes influences de Lucas sont nombreuses et l’on retrouve des allusions à des œuvres cinématographiques émaillées au fil de la saga, du Scaramouche de Lubitz pour ses scènes de combat anthologiques jusqu’au Dune de Frank Herbert.

Le cinéma d’Akira Kurosawa, notamment son film La Forteresse cachée, a particulièrement inspiré Georges Lucas sur le fond et la forme.

Le réalisateur a notamment tiré de ce film l’idée de centrer une partie de l’intrigue sur les deux personnages les plus insignifiants (les deux droïdes, principalement dans l’épisode IV, La Guerre des Etoiles).

Au plan technique, Lucas s’en inspire également pour les volets qui se rabattent sur l’image pour servir de transition entre deux scènes, caractéristique cinématographique de la première moitié du xxème siècle.

Le cinéma japonais a d’ailleurs influencé Lucas au point que le personnage de Maître Yoda évoque également les maîtres orientaux popularisés par les films de kung-fu. Et de samouraïs. Le réalisateur souhaitait d’ailleurs initialement tourner sa saga en japonais sous-titré.

Des jidai-geki aux Jedis

Le terme « jidai-geki » désigne d’ailleurs les films de samouraïs et signifie littéralement « films d’époque » en japonais.

Grand admirateur du cinéaste japonais, George Lucas s’est fortement inspiré des samouraïs pour son ordre de chevaliers Jedi.

Leur attachement au sabre, leurs vêtements et leurs valeurs les rapproche des samouraïs de l’ère Tokugawa, évoquées dans les jidai-geki, qui défendaient la loyauté, accordant peu d’importance à leur propre vie, menant une existence ascétique et respectant le budo, philosophie guerrière centrée sur les arts martiaux.

Le cinéma a évidemment fourni d’autres sources d’inspiration à travers ses différents genres et classiques. Ainsi, l’apparence de C-3PO, d’abord féminin dans les premiers dessins, trouverait son origine dans l’anthropoïde Maria dans le chef d’œuvre de Fritz Lang Métropolis (1927).

L’influence du western est manifeste dans certaines scènes ayant lieu sur Tatooine et le polar inspire le début de l’épisode 2

Celle du péplum, avec les plus célèbres d’entre eux, Ben Hur de Fred Niblo (1925) et surtout de William Wyler (1959)  et leurs scènes cultes de course de chars, est visible dans la course du jeune Anakin qui occupe une place centrale dans La Menace fantôme.

Les films de guerre comme de pirates ont aussi influencé des scènes de la saga comme l’attaque sur l’Etoile Noire où Lucas utilise des extraits de films aériens sur la Seconde Guerre pour guider le travail des sociétés d’effets spéciaux.

Par ailleurs, l’assaut sur Kashyyk de l’épisode III est directement inspiré du film de Spielberg Il faut sauver le soldat Ryan (1998).

Star Wars à la rencontre du neuvième art

En dehors des pulps comme Flash Gordon, Lucas s’est aussi inspiré de la bande dessinée Valérian et Laureline de Jean-Claude Mézières. Lors de sa première projection dans l’hexagone, le dessinateur a d’ailleurs déclaré : « On dirait une adaptation de Valérian au cinéma ».

On trouve dans L’attaque des clones une allusion à l’aventure Le Temple du Soleil où, suite à une éclipse, Tintin est pris pour un dieu par les Incas.

Il en va de même pour C-3PO qui pour l’occasion n’hésite d’ailleurs pas à déclarer :

« Je ne suis pas programmé pour me faire passer pour une divinité ».

Une saga multiculturelle

Comme on l’a vu, Star Wars reprend des éléments empruntés aux différents arts mais emprunte également aux différentes cultures avec leurs mythologies, religions et philosophies.

Rien que le schéma général de la saga qui voit l’affrontement des chevaliers Jedi et des Sith, soumis à la Force, champ énergétique mystérieux donnant des pouvoirs psychiques rappelle de nombreux récits.

Pour rappel, les Jedi maîtrisent le côté lumineux de la Force, pouvoir bénéfique et défensif, pour maintenir la paix dans la galaxie tandis que les Sith utilisent le côté obscur, pouvoir nuisible et destructeur, pour leurs usages personnels et la domination de la galaxie.

Une opposition manichéenne qui rappelle à votre e-prof la lutte des deux principes dans le zoroastrisme ou l’éternel lutte du bien et du mal que mettent en lumière les religions, les sagesses, les philosophies et la morale élémentaire des jeunes enfants que nous restons tous face aux aventures, de Gilgamesh, Ulysse, Télémaque, An Solo ou Luke Skywalker.

On sait par ailleurs que l’inspiration est encore anthropologique avec la lecture par Lucas de l’essai de Joseph Campbell, Le Héros aux mille et un visages (1949), où il expose sa théorie du monomythe, affirmant que tous les mythes suivent les mêmes schémas archétypaux (ou modèles).

D’après Campbell, les héros mythiques débuteraient leur périple à la suite d’un « appel à l’aventure » impliquant une sortie de l’environnement dans lequel il a grandi. Il devra ensuite faire face au « gardien du seuil », premier obstacle dans son voyage qui, une fois franchi (la plupart du temps avec l’aide d’un mentor ou d’un guide spirituel), lui permettra de pénétrer dans un monde plus spirituel – généralement représenté par une forêt sombre, un désert, une grotte ou bien encore une île mystérieuse.

Tout cela nous rappelle bien le destin du Jedi Skywalker, quittant sa planète et finissant sur une île déserte comme un vieux moine irlandais à qui on tend l’épée et la croix symbolique de l’épreuve pour une dernière mission à accomplir.

C’est là qu’il subit alors une série d’épreuves lui permettant de dépasser son mentor pour accomplir enfin l’objet de sa quête.

Celle-ci prend souvent une réconciliation avec le père, une union sacrée ou une apothéose représentant symboliquement l’émancipation. Dans Star Wars, le héros retourne enfin chez lui, transfiguré par son voyage initiatique comme un autre Gilgamesh ou un moderne Ulysse complètement transfiguré par l’expérience de son voyage initiatique.

Des mythes au logis

Comme dans la mythologie grecque, Luke affronte d’abord son père et finira par le combattre dans un duel à mort où celle-ci constitue un rachat pour le père sauvant son fils in extremis, et une amère vérité sur les origines du héros, le contraignant à l’exil.

On voit aussi dans les relations entre Han Solo et la princesse Leia un écho à la fidélité d’Ulysse, vieux guerrier rusé pour sa Pénélope, et réciproquement. Il s’agit en outre de ramener le fils, comme Ulysse, recherché et ici à la recherche de son Télémaque.

Le vaisseau ennemi comme forteresse labyrinthe avec en son centre la créature mi -bête (ou droïde) -mi-homme à vaincre comme symbole de la force brutale et maléfique à détruire en chacun des héros que nous sommes.

Yoda etLuke

Star Wars entre Orient et Occident

Un grand pan de l’œuvre lucasienne fait référence à la culture occidentale (d’où viennent, les mots mêmes de « saga », « odyssée » ou « épopée »). Pour certains, les philosophes Descartes et Bergson peuvent même nous aider à comprendre ce qu’est l’intuition (« feelings » en VO) si souvent invoquée par les chevaliers Jedi.

Il en va heureusement de même pour les cultures de l’Orient, évoquées dans cette saga interplanétaire et interculturelle où tous les habitants peuvent communiquer, notamment avec un droïde comme C-3PO s’exprimant en « plus de six millions de langues ».

Ainsi a-t-on pu considérer les Jedi adeptes d’une philosophie teintée d’un bouddhisme proche de Yamamoto Tsunetomo, ancien samouraï devenu moine bouddhiste, Yoda comme l’incarnation du maître zen Yoka Daïshi, ou le casque de Dark Vador comme empruntant à ceux des samouraïs. La saga entière empruntant en outre au bushido, l’art de la guerre japonais. Le nom d’Obi-Wan Kenoby lui-même évoque certes des moines cénobites par sonorités mais surtout le Japon et l’obi, ceinture du praticien d’arts martiaux.

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