La conscience, thème incontournable au programme du baccalauréat, est au centre de ce cours proposé par notre E-prof en ligne de soutien scolaire philosophie

Les choses de la nature n’existent qu’immédiatement et d’une seule Hegelfaçon, tandis que l’homme, parce qu’il est esprit, a une double existence; il existe d’une part au même titre que les choses de la nature, mais d’autre part il existe aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-même, se pense et n’est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi.

Hegel, Esthétique (1835), Textes choisis, traduction de S. Jankélévitch, Éd. P.U.F., 1953, pp. 21-22

Retrouvez également notre article sur la dialectique Hégélienne

L’exploration du terme « conscience » se prête particulièrement bien à la méthode parfois utilisée par Aristote pour découvrir toutes les facettes d’un concept. Il s’agit de partir de la conception du sens commun pour ensuite aller plus loin par une réflexion proprement philosophique. En effet, certaines expressions sont particulièrement fréquentes dans la vie quotidienne: prendre conscience de quelque chose, agir en son âme et conscience, avoir bonne conscience, être inconscient, etc. Le terme « conscience », dont l’étymologie signifie « avec savoir »,  fait ainsi partie du langage courant. Souvent, le terme « conscience » est accompagné d’un qualificatif. On parlera ainsi de conscience morale, signifiant la capacité d’un individu à assumer ses actes de manière responsable, en connaissance du devoir, c’est-à-dire d’une certaine conception du bien et du mal. La conscience de soi est une conscience immédiate, une sorte de miroir intérieur qui réfléchit mes états affectifs, mes expériences etc. C’est une présence à soi-même, une connaissance immédiate de soi qui semble disparaître notamment lorsqu’on perd conscience (on dit souvent perdre connaissance). La conscience au sens psychologique est mise en lumière chaque fois que j’utilise le pronom personnel « je » et que donc j’estime être d’un jour à l’autre la même personne. Il s’agit de l’identité du moi. En effet, j’ai toujours conscience d’être le même individu, en dépit du temps qui passe, des fluctuations de mes pensées et de mes états d’âmes, des transformations de mon corps.

Ces trois aspects de la conscience sont partagés et bien compris par tout un chacun. Ils ne suffisent pas, cependant, à définir ce qu’est la conscience. La conscience, c’est aussi ce qui s’oppose à l’instinct. Lorsque le sujet a conscience, il se saisit dans une expérience immédiate. Quand je sens, j’ai conscience que je sens en même temps que je sens; quand je veux, j’ai conscience que je veux au moment même où je veux, etc. L’instinct, en revanche, est caractérisé par un automatisme qui n’est pas redoublé par la conscience. La conscience, d’autre part, donne à l’homme une double existence. Selon Hegel, l’homme a une existence en tant qu’être de la nature: c’est son existence en soi. Il a aussi une existence en tant qu’être spirituel, c’est-à-dire être doué de conscience et de réflexion: c’est son existence pour soi. L’existence en soi est immédiate, instinctive, semblable à l’existence animale. L’existence pour soi est le résultat de mon activité consciente, de mes représentations du monde; elle introduit une distance entre moi et les choses, et de ce fait est la condition de la possibilité de la liberté. La représentation est l’acte qui me permet de rendre intérieurs les objets extérieurs. Ainsi, la conscience a toujours affaire à des objets représentés, jamais aux objets eux-mêmes. Cela me permet d’avoir accès à ces objets même lorsqu’ils sont absents. Toutefois, cette mise à distance du réel par la représentation pose le problème de l’accès à sa vérité: l’objet représenté est-il vraiment conforme à ce qu’il est en réalité? Ce problème a notamment été soulevé par Platon dans son fameux Mythe de la Caverne, et sera fondamental dans le développement de la pensée de Descartes, basée sur le doute.

Retrouvez ici notre cours de philosophie sur le doute de Descartes

C’est en effet à partir de cette incertitude quant à la vérité de nos représentations que Descartes parviendra à la certitude fondamentale: cogito ergo sum (je pense donc je suis). La conscience de soi est la vérité première, celle qui précède la possibilité de toute autre vérité.

Si la conscience est le plus souvent spontanée, elle peut aussi se réfléchir à l’infini. Ainsi, lorsque je veux quelque chose, j’ai une conscience spontanée, directe de l’objet voulu. J’ai aussi conscience que je veux cet objet. Je peux aussi avoir conscience que j’ai conscience de vouloir cet objet, et ainsi de suite…

La conscience au fil du temps

A l’origine de la Philosophie, chez les Anciens, la conscience n’est rien d’autre que l’émerveillement au monde : c’est le sentiment de faire partie du Tout. La conscience consiste en la contemplation de l’ordre infini, du Beau. Le tout étant supérieur à la partie, la conscience individuelle de soi n’existe pas encore comme telle. Dans le monde pré-moderne, principalement avant Descartes, la conscience est perçue dans sa composante intérieure, morale et religieuse : c’est une voix interne qui dicte le bien et le mal, la conduite à tenir, la bonne voie pour l’homme. La conscience est perçue comme une instance morale intérieure plus que comme une perception de soi dans le monde. 
L’approche de Pascal vaut sans doute pour toutes les époques, bien qu’elle s’inscrive déjà dans une perspective qui donne toute sa place au sujet. La conscience se détermine d’une manière générale comme se savoir vivre, se voir vivre : être présent à soi-même. L’homme est plus fort que l’univers car il se sait vivre (ou mourir), ce n’est qu’un roseau, mais c’est un roseau pensant. En ce sens, la conscience peut alors être utilisée comme critère de distinction entre l’homme et l’animal.
 C’est avec Descartes que la conscience de soi émerge, dans son sens réflexif, c’est la conscience de soi-même comme certitude absolue. Descartes met l’accent sur la subjectivité (la conscience d’être un sujet) comme point de départ de la philosophie. On quitte alors la philosophie de l’objet, la philosophie des Anciens, qui prend le monde extérieur comme point de départ de la réflexion. C’est une des origines de la modernité.

prof soutien scolaire philoFinalement, la conscience serait la connaissance intuitive de soi-même, en tant que réflexivité, la représentation du monde, se substituant alors à l’instinct, et aussi la faculté de juger en tant que conscience morale.

La philosophie de la conscience qui place le sujet au centre et lui apporte sa première certitude fondamentale avec le cogito, est remise en question par trois philosophies : la théorie freudienne de l’inconscient, la théorie marxiste de la lutte des classes et le déterminisme biologique de Nietzsche. Chacune de ces théories fait de la conscience une chose déterminée et secondaire, qui ne saurait en aucun cas jouer le rôle d’une certitude fondamentale. Freud dira ainsi que « le moi n’est pas maître dans sa propre demeure », et montrera que la conscience de soi est bien souvent une conscience modelée par des pensées inconscientes, et ne permet pas d’accéder à la connaissance de soi.

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