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1/ Origine et histoire de l’école du naturalisme

définition du naturalisme : Thérèse Raquin

Emile Zola a donné sa définition du Naturalisme dans le livre Thérèse Raquin

Il est tout d’abord important de noter que le Naturalisme ne peut se concevoir sans le Réalisme auquel il succède immédiatement et dont il reprend un grand nombre de règles. Ces deux mouvements littéraires sont donc indiscutablement liés.

            Le terme de « naturalisme » évolue au fil du temps. Dérivé du mot « naturel », pour les Lumières, il désigne avant tout une philosophie fondée sur l’observation et le respect de la nature. Au XIXe siècle, il entre dans le vocabulaire littéraire et pictural afin de désigner l’art qui s’attache à reproduire la réalité au plus près. Mais dès 1865, Emile Zola, le plus grand représentant du mouvement Naturaliste, s’empare du terme afin de le définir dans une acceptation uniquement littéraire. C’est dans la préface de son roman Thérèse Raquin (1867) qu’il précise le sens de ce mot :

Définition du Naturalisme    

C’est la volonté d’observer de façon purement scientifique en vue de les représenter dans une œuvre littéraire, des caractères et des comportements humains, de la même façon qu’un savant naturaliste étudie objectivement une roche, une planche ou un animal.[1]

Le Naturalisme prend donc ses modèles du côté de la science (avec des références à Claude Bernard, grand médecin du XIXe siècle, et à Darwin). Pour Zola, ces racines scientifiques l’encouragent à voir dans ce courant littéraire une véritable révolution socioculturelle dans tous les domaines.

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            Ainsi, il est coutume de situer la naissance du Naturalisme en 1865 (avec la parution du roman des frères Goncourt Germinie Lacerteux). Les années situées entre 1876 et 1884 sont habituellement considérées comme l’âge d’or de ce mouvement : Zola publie ses plus grandes œuvres et un groupe autour de lui se constitue, groupe qui prend alors le nom de Médan, en référence au lieu où Zola possède une maison et où les écrivains qui l’entourent ont l’habitude de se retrouver. En 1880, un recueil collectif de récits est publié sous le titre Les Soirées de Médan. Ce dernier deviendra la référence du mouvement. Cependant, à partir de 1884 l’unité du groupe commence à se disloquer jusqu’à sa chute, généralement datée de 1893.

2/ Les œuvres naturalistes

            Bien qu’il y ait eu quelques tentatives au niveau du théâtre, le Naturalisme s’est presque exclusivement concentré sur le roman.

            Dans son essai Le Roman expérimental (1880), Zola précise les ambitions du mouvement : il souhaite un roman social et humaniste (qu’il nomme donc « roman expérimental ») dans lequel l’écrivain joue un rôle tant d’observateur que d’expérimentateur. Pour cela, une véritable enquête doit être menée avant l’écriture afin de connaître parfaitement le sujet de son œuvre. Les sciences humaines et sociales font donc leur apparition dans la littérature. En effet, selon le Naturalisme, le comportement humain, donc des protagonistes des romans, est largement influencé par le milieu dans lequel il vit. Pour Zola, la littérature doit être scientifique et appliquer les mêmes règles que la science : il s’agit donc de choisir un sujet et d’émettre des hypothèses sur celui-ci. En utilisant ces règles, le roman se veut l’illustrateur de cette méthode.

            C’est donc principalement à travers les romans de Zola que le Naturalisme va s’exprimer. Dans son cycle les Rougon-Macquart ou Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire (un ensemble de vingt romans), l’écrivain met en œuvre la méthode énoncée ci-dessus : chaque roman met en scène un personnage d’une même famille et se penche sur son caractère afin de voir la relation entre celui-ci et son milieu, et d’observer l’influence de l’hérédité. Le roman le plus représentatif du Naturalisme est sans conteste L’Assommoir (1877).

            Le second grand représentant de ce mouvement littéraire est Guy de Maupassant qui, à travers ses romans dont Une Vie (1883), Bel-Ami (1885) et Pierre et Jean (1888), tenta d’illustrer sa position sur le Naturalisme, soit celle de « donner l’illusion complète du vrai » comme il l’explique en ouverture de Pierre et Jean.

            Mais mis à part ces deux grands noms, peu d’auteurs se sont distingués, la notoriété de Zola leur ayant souvent fait défaut. On peut cependant retenir le nom d’Alphonse Daudet qui, bien qu’il n’ait jamais adhéré publiquement à l’école naturaliste, n’a eu de cesse d’observer et de décrire la vie sociale. Il en est de même pour Jules Vallés et son célèbre roman L’Enfant (1879). Enfin, on peut aussi mentionner Joris-Karl Huysmans dont certains de ses premiers livres sont assez proches de ceux de Zola, même si cet auteur est difficilement classable.

3/ L’esthétique naturaliste

            Comme nous venons de le voir, le Naturalisme ne peut se définir comme une simple école littéraire. En effet, c’est avant tout une « méthode », une attitude à adopter, un engagement moral, social et scientifique. Les écrivains naturalistes font ce choix consciencieusement et le revendiquent. Il s’agit donc d’une position idéologique qui, bien qu’elle engendre une observation objective, ne se veut pas dépourvue de caractère pour autant. En effet, Zola revendique l’importance du tempérament dans cette observation : il atteste que l’auteur, en tant qu’examinateur et témoin attentif et objectif des faits, est aussi un être doué d’un caractère qu’il ne peut effacer.

            Les objectifs du Naturalisme peuvent se résumer dans sept grands principes qui ne sont pas tellement éloignés de ceux du Réalisme :

–          Les événements doivent être pris dans la nature ;

–          L’auteur doit s’imposer une démarche scientifique ;

–          L’objectif ultime est « une œuvre de vérité » (Zola) ;

–          L’idéalisme et les conventions sont à écarter ;

–          Les valeurs laïques et républicaines doivent être célébrées ;

–          Les figures populaires doivent être réhabilitées.

Ces différents objectifs ont entraîné quelques spécificités d’écriture dont l’utilisation d’un lexique précis et même scientifique, caractérisé par l’emploi de néologisme ou d’archaïsmes. Le recours à la description est aussi un principe d’écriture largement utilisé. Au niveau de la narration, l’auteur ne s’autorise aucune intrusion dans son récit. Le personnage principal est souvent un antihéros et c’est à travers ses yeux et sa pensée que le lecteur suit l’action. Quant à l’intrigue, elle est parfois secondaire contrairement à la description et à l’analyse du milieu dans lequel se déroule l’action.

            Enfin, les thèmes abordés sont récurrents ; il est donc possible de retenir les principaux :

–          L’art et l’artiste, que Zola illustre dans son roman L’œuvre (1885), mais que l’on retrouve aussi chez Alphonse Daudet dans Sapho (1884) ou dans A Rebours (1884) de Huysmans.

–          La prostitution : Nana (1880) pour Zola, mais aussi Boule de Suif (1880) ou La Maison Tellier (1881) pour Maupassant.

–          Les militaires : La Débâcle (1892) chez Zola, Mademoiselle Fifi (1882) chez Maupassant.

L’argent, l’endettement, la maladie, l’hérédité, la misère sociale, sont bien évidemment aussi de grands thèmes exploités par les romanciers naturalistes.

Marion soutien scolaire françaisQuelques autres grandes œuvres à retenir :

Chez Zola :

Germinal (1885) ;

Au Bonheur des dames (1883) ;

La Bête humaine (1890) ;

La Terre (1887) …

[1]Georges Bafaro, Le Roman réaliste et naturaliste, Ellipses, 1995, page 60.

 

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