soutien scolaire philosophieLa laïcité, sujet d’actualité, stigmatisée par les actes terroristes, émerge comme un idéal, un principe, un mode de vie éprouvé, fragilisé, en détresse.  Cours de philosophie et d’histoire en ligne.

La laïcité qui fonde et se fonde sur la déclaration des droits de l’Homme regroupe quatre grands principes : la liberté de conscience, l’égalité des droits sans condition, la séparation entre l’Etat et la religion, et la neutralité religieuse.

C’est pourquoi nous nous demanderons dans ce cours en ligne de soutien scolaire philosophie qui attaque la laïcité aujourd’hui et comment on peut attaquer un principe de neutralité au sein de la République.

La laïcité comme processus historique

déclaration droits de l'homme

Dans ce cours, la philosophie rejoint indéniablement l’histoire : la « res publica » ou la chose publique des romains et d’Aristote, c’était la volonté de faire participer le plus grand nombre de citoyens aux décisions qui concernaient la cité. C’est pourquoi le terme de « république » est étroitement lié à un système juridique et social, c’est-à-dire l’ensemble des lois qui régissent un Etat particulier. Il va sans dire que la république s’oppose à la monarchie. Ainsi donc, en nous penchant sur la dynamique historique française, alors qu’était proclamée l’abolition de la royauté, se sont ensuite succédé 5 républiques et onze constitutions (lois constitutionnelles républicaines ) dont les caractéristiques sont définies dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789.

  •  Article 1 : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit.Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.
  •  Article 2 : Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression.
  •  Article 4 : La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société, la jouissance de ces mêmes droits. Les bornes ne peuvent être transmises que par la loi.
  • Article 10 : Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.

C’est cette constitution qui a fondé la laïcité dont le processus s’est poursuivi pendant deux siècles, couvrant le XIXe et le XXe siècle.

Quelles sont les lois qui ont tracé le sillon du processus de laïcisation ?

Au cours de ce mouvement  de laïcisation en France, la loi du 28 mars 1882 propose l’instruction morale et civique dans l’enseignement primaire où il n’y a plus d’instruction religieuse. Puis la circulaire aux instituteurs en date du 17 novembre 1883 précise que ces derniers sont toujours en charge de l’éducation morale des élèves même s’il n’y a plus d’enseignement religieux. Ici, l’école laïque prendrait en charge l’éducation morale qui ne serait plus la seule prérogative de l’église catholique. Ensuite, la loi Goblet du 30 octobre 1886 annonce dans l’article 17 que l’enseignement est confié à un personnel laïque. La loi du 09 décembre 1905 déclare la séparation de l’Eglise et de l’Etat. La Constitution de la Ve République du 4 octobre 1958 fait de la laïcité un principe fondateur. Récemment, la loi du 15 mars 2004 interdit les signes ostensibles de l’appartenance religieuse, et enfin est apparue la charte de la laïcité du 9 septembre 2013 diffusée dans tous les groupements scolaires.

La laïcité est une garantie de la liberté et de l’égalité

Au cours de ce processus de laïcisation, c’est la loi du 9 décembre 1905 qui a créé une grande avancée. Que stipule-t-elle exactement ?

  • Article 1 : La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.

Cette règle laïque garantit la liberté de conscience, liberté qui consiste à croire ou ne pas croire en Dieu. Cette séparation du religieux avec l’Etat est réciproque. En effet, le système politique n’a plus le droit de s’occuper des affaires religieuses. Il fonde son pouvoir ailleurs que dans l’argument d’autorité religieux. Il enracine son pouvoir sur la souveraineté du peuple : la démocratie. Par ailleurs, l’Etat est libéré du religieux puisqu’il n’y a plus de religion d’Etat.

De plus, la restriction précisée dans cet article est liée à l’ordre public. Les libertés de conscience s’expriment librement à la condition que l’ordre public ne soit pas mis à mal. Il ne faut pas que la liberté de l’un empiète sur la liberté de l’autre et l’Etat a le pouvoir de veiller sur l’égalité de tous pour la liberté de conscience.

John Locke, philosophe anglais, lequel évoquait déjà au XVIIe siècle la séparation de l’Eglise et de l’Etat (photo Wikipedia).

John Locke, philosophe anglais, lequel évoquait déjà au XVIIe siècle la séparation de l’Eglise et de l’Etat (photo Wikipedia).

On reconnaîtra, ici, l’influence de John Locke, philosophe anglais, lequel évoquait déjà au XVIIe siècle la séparation de l’Eglise et de l’Etat dans Essai sur la tolérance (1667) : « Le port d’une chape ou d’un surplis ne peut plus mettre en danger ou menacer la paix de l’Etat que le port d’un habit ou d’un manteau sur la place du marché. (…) En sorte que si on exerce sur eux une contrainte, ce n’est pas parce qu’ils ont telle ou telle opinion sur la manière dont il convient de pratiquer le culte divin, mais parce qu’il est dangereux qu’un grand nombre d’hommes manifestent aussi leur singularité quelle que soit par ailleurs leur opinion … ».

Il s’agit ici d’administrer un pays avec des individus autonomes. Certes, John Locke n’inclut pas les athées dans la tolérance mais au XVIIe siècle, cette idée aurait été trop marginale et se serait heurtée à la crédibilité sociale.

  • Article 2 : La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte.

De cette double libération s’ensuit désormais une « indifférence » relative du politique vis-à-vis du religieux. En effet, même si sur le plan religieux, l’Etat est neutre, il promeut toutefois des valeurs qui le fondent : liberté, égalité et fraternité. Il ne s’abstient donc pas de véhiculer des valeurs morales.

Alors que la laïcité s’ouvrait sur le respect de toutes les religions, Jaurès intégra aussi dans son périmètre l’athéisme.

Ici, le caractère universel de la laïcité repose sur sa neutralité et son respect des points de vue, et des croyances. Ce devoir d’ouverture a fondé la laïcité de manière universelle car toutes les idées sont admises pourvu qu’elles ne troublent pas l’ordre social au sein de la République.

Le vent de la laïcité se propagea à l’école où l’instruction morale et civique remplaça l’instruction morale et religieuse, et où les instituteurs durent être laïques. Il ne s’agissait donc plus de former un catholique mais un homme, et cette formation s’adressait à tous les hommes, quelle que soit leur confession. La portée et la dimension de cette éducation étaient plus vastes et étendues.

La laïcité « idéologisée »

Dans la préface de Pour une pédagogie de la laïcité à l’école (2012), Vincent Peillon parle de la laïcité en ces termes : « son pouvoir de libérer les esprits des chaînes qui les entravent et d’amener par la raison à la conscience de l’Universel par-delà les particularismes, les différences et les religions doit être formulé, expliqué, argumenté ».

Dans cette description de la laïcité, une dérive de son principe originel émerge à travers « par-delà les particularismes… ». La laïcité est ici un principe qui exhorte les valeurs de la réflexion qui prétend libérer l’esprit de l’obscurantisme religieux. La laïcité véhicule une valeur de libération de l’Homme. Elle incarne donc une valeur morale par elle-même supérieure (« par-delà ») aux particularismes. La laïcité universelle subsume les particularités religieuses. La capacité de raisonner dans le but d’accéder à un savoir universel (Idéal propre à la philosophie des Lumières) rendu possible par la laïcité lui accorde un pouvoir qu’elle n’avait pas jusqu’alors : celui d’avoir un pouvoir. Gardienne du pouvoir de chacun de penser, de croire, de ne pas croire, elle devient le pouvoir idéologique de l’Etat. A la laïcité, originellement comprise comme la gardienne du respect de la croyance, des croyances et des incroyances de tout un chacun se serait substituée une « idéologie laïque » laquelle véhicule l’autonomie de la conscience par l’exercice de la pensée rationnelle.

Anciennement protectrice bienveillante des tendances, des croyances des consciences, elle porterait aujourd’hui l’étendard qui éclaire rétrospectivement le mouvement des Lumières engagé par les philosophes lequel s’oppose à la pensée obscurantiste et/ou religieuse qui repose sur la foi, le ressenti ou les dogmes. Il n’y a plus de religion d’Etat, mais il y a une pensée, une idéologie d’Etat véhiculée, dès le départ dans les écoles, laquelle pourrait s’opposer aux autres formes de croyances dans une mise en compétition. A travers les préceptes laïques dont le décor reste colonialiste, la laïcité peut représenter un primat idéologique.

La laïcité identitaire

Dans cette perspective, n’est-il pas logique ou légitime qu’un contre-pouvoir émerge affichant une autre idéologie ou croyance ?

Au sein même des écoles, des velléités identitaires apparaissent. Certains élèves s’opposent aux connaissances transmises par les professeurs en invoquant leur culture religieuse qui est différente, notamment en histoire. Les informations laïques sont suspectes : Tartuffe, les croisades, la deuxième guerre mondiale et bien d’autres sujets sont mis en cause. Ici, le danger porte sur la mise en cause du contenu de l’enseignement à partir d’une revendication religieuse.

De plus, si l’on critique une religion, on est accusé de critiquer le fidèle de cette religion. L’identité de l’individu s’identifie à sa confession religieuse. On pourra parler d’islamophobie par exemple.

Ici le principe originel de la laïcité est mis à mal car on lui demande de prendre partie pour telle ou telle religion devenue marqueur identitaire. Or, ce n’est pas le rôle de la laïcité que d’arbitrer les points de vue de chacun. Son rôle est de garantir la liberté des consciences. Ainsi donc, chacun peut avoir son point de vue le plus extrême, le plus antireligieux, le plus militant, … pourvu que la réunion de ces points de vue ne trouble pas l’ordre public. En effet, la liberté de conscience peut mener à un extrémisme (et pourquoi pas) mais cet extrémisme pourrait nuire à la liberté de ceux qui n’adhèrent pas à ce mouvement. Ici, la règle laïque n’est pas de proposer un modèle laïque, c’est d’empêcher la domination d’un groupe sur un autre, sans pour autant prendre de position, en toute neutralité. Son rôle est d’assurer la sécurité d’une réunion religieuse ou pas. Car il s’agit d’agir dans le but d’une égalité de liberté entre les citoyens.

Laïcité : pistes de dissertation philosophie

La laïcité est certes attaquée, mais attaquée par l’incompréhension de son principe fondamental qui garantit la liberté de conscience, qu’elle soit religieuse, morale, esthétique, familiale, etc. Elle est attaquée quand on la présente comme antireligieuse et/ou qu’elle est récupérée comme un marqueur identitaire : L’athée est laïc et le religieux ne l’est pas. La laïcité n’est pas un étendard ou une lutte mais le garde-fou qui protège des groupes d’individus d’être privés de leur liberté. Ainsi, la laïcité reste au fond intacte car c’est au nom de ce principe que les débats s’ouvrent, que les hommes et les femmes se réunissent, que les discussions évoluent en approfondissant ses fondements et en rendant plus conscient le magnifique pari de la liberté individuelle au sein de la société civile. La laïcité en tant qu’instrument du gouvernement, n’est pas attaquée mais sollicitée face à une société qui évolue, qui se transforme et réclame une organisation sociale modifiée qui garantit au plus près la liberté de conscience de tout un chacun.Tous les débats portant sur cette règle témoignent de la vivacité de la laïcité que l’on défie si douloureusement aussi.

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