Notre E-prof en ligne de Philosophie revient sur la notion de justice et d’égalité avec un zoom sur la notion de justice selon Platon.

« Eh bien ! Glaucon, il nous faut maintenant, comme des chasseurs, nous poster en cercle autour du fourré et prendre garde que la justice ne s’enfuie et ne s’évanouisse à nos yeux. » Platon

La justice selon Platon semble être une denrée rare et précieuse aux vertus volatiles, s’évaporant sitôt que notre conscience se relâche. Il lui faut des gardiens vigilants, sans quoi, telle une fée enchanteresse, elle risque de disparaître sous nos yeux dès que notre attention fluctue. Mais qu’est-ce donc que cette justice, pour ne sembler jamais être durablement acquise? Est-ce une simple égalité, comme le pense Rousseau: « Tous veulent que les conditions soient égales pour tous et la justice n’est que cette égalité »? Mais alors, est-ce juste que le plus méritant soit traité de la même manière que le fainéant? Il faudrait donc introduire la notion de proportionnalité au sein de l’égalité décidant d’un rapport juste entre les êtres. Mais comment établir un tel rapport? Qui pourra mesurer le degré de mérite ou de paresse d’un individu? Ces questions ne datent pas d’aujourd’hui, elles étaient au cœur de la réflexion d’Aristote:

Tous les hommes sont d’avis que le juste consiste dans une certaine égalité […]. Mais quelle sorte d’égalité et quelle sorte d’inégalité? C’est un point qui ne doit pas nous échapper, car il contient une difficulté fondamentale de la philosophie politique.

L’enjeu est en effet politique, dans la mesure où la justice est assurée par l’Etat.

La justice est pour la société ce qu’est la vérité pour le jugement. L’injustice nous insupporte et nous émeut, tout comme le mensonge. Lorsque nous sommes confrontés à l’injustice, nous nous sentons arrachés à nous-mêmes et portés à agir. La souffrance des innocents, les génocides, les scandales qui ont marqué l’histoire (Socrate, Jésus, Jeanne d’Arc, Galilée…), nous les condamnons spontanément et exprimons un rejet immédiat. Nous savons donc, sans réflexion, que tel acte est injuste. Nous sommes donc, naturellement, portés vers ce qui paraît juste. Pourtant, définir la justice est une entreprise difficile qui requiert davantage que la connaissance de qui est injuste.

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La justice selon Platon

La question de la justice est centrale chez Platon. Son ouvrage majeur La République  est sous-titré Peri dikaïou, « Du juste ». Dans le livre I, Platon donne la parole aux sophistes, par la voix de Thrasymaque. Ce dernier donne une définition radicale et amorale de la justice: elle n’est que « l’avantageux au plus fort ». Autrement dit: ce que le pouvoir décide, c’est cela qui est juste. Il n’y a donc pas de justice absolue, mais une justice conventionnelle décidée par ceux qui gouvernent de telle sorte qu’elle leur soit avantageuse. Glaucon, dans le livre II, propose une variante guère plus satisfaisante: la vertu qu’est la justice ne serait qu’une hypocrisie sociale; on suivrait la justice par impuissance de commettre l’injustice et peur d’être puni. Le but de Platon est bien-sûr de mettre en valeur, par contraste et opposition, la position de son héros, Socrate, sur le sujet. Socrate va montrer d’une part, qu’il vaut mieux subir l’injustice que la commettre et, d’autre part, que la justice est un bien en soi, et non pas une hypocrisie sociale. La justice, avant d’être une quelconque égalité, est pour Socrate (et donc Platon) une vertu fondamentale. Du point de vue sociale, la justice est davantage inégalité qu’égalité. En effet, la société pour Platon doit être organisée de façon hiérarchique en suivant le principe suivant: « chacun à sa place ». Une société juste est donc une société où chacun est à sa place de telle sorte que la cité, considérée comme une totalité organique, fonctionne de façon harmonieuse. Cette approche qui peut étonner un esprit moderne, se comprend aisément dans le contexte de la Grèce antique où le Tout (holos) prime sur l’individu, et le Bien du Tout est l’Unité.

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