Parmi les auteurs de science-fiction, Jules Verne a particulièrement fait rêver en son temps et apparaît toujours comme précurseur.

Eric soutien scolaire fançaisVotre professeur de lettres a certainement dû vous faire découvrir Jules Verne, H.G. Wells et sa Guerre des Mondes (1898), Bradbury et ses Chroniques martiennes (1950), voire Philip K. Dick et ses Sables de Mars (1951), Isaac Asimov et son cycle des robots ou le film Dune de Franck Herbert (1965) adapté par David Lynch (1984) où apparaît le chanteur Sting. Alors que la conquête de Mars fait la Une de l’actualité avec la mission avortée de l’atterrisseur d’ExoMars Schiaparelli dans ce cours en ligne de soutien scolaire français spécial collège (niveau troisième) Eric vous replonge dans le monde passionnant de Jules Verne qui nous fait toujours rêver. Idéal pour un exposé complet en français ou en sciences, niveau troisième.

Définition de la science-fiction

Asimov donnait une définition possible de la science-fiction :

on peut définir la science-fiction comme la branche de la littérature qui se soucie des réponses de l’être humain aux progrès de la science et de la technologie”. Et d’ajouter un peu moqueur: “aucun de ceux qui l’écrivent ne sont capables de s’entendre sur sa définition”.

A la décharge des auteurs de S.F., celle-ci est un genre plutôt jeune si on considère que Jules Verne en est le père putatif, bien que plutôt classé dans la littérature d’anticipation.

Né en 1828, il écrit son premier roman, Cinq semaines en ballon en 1868, inaugurant ainsi la collection Voyages extraordinaires chez son éditeur, Hetzel.

Face à cet auteur de 62 romans et 18 nouvelles pour 40 ans d’écriture, votre e-prof de lettres va se contenter d’examiner pour vous le contexte de la création de son œuvre, ce qu’il reste de son apport scientifique et de son rapport à la science à travers l’étude d’un roman emblématique de la poétique vernienne.

De la terre à la lune œuvre à dimension scientifique

De la terre à la lune, trajet direct en 97 heures 20 minutes, écrit en 1865 présente, dans un roman uniquement masculin où le héros, savant polymathe, remplace le héros guerrier.

Ce roman d’aventures et d’anticipation décrit les aventures d’Impey Barbicane (du prénom du géologue Sir Roderick Impey Marchison ayant donné son nom à un cratère lunaire), Michel Ardan (anagramme du célèbre photographe Nadar) et du savant américain, le capitaine Nicholl, tous trois fortement décidés à effectuer un voyage sur la Lune.

Jules Verne, qui se donne comme mission de vulgariser les connaissances scientifiques tout en distrayant le public, aborde dans son roman les domaines de l’astronomie et de la balistique.

Sans formation scientifique approfondie, Verne extrapole à partir des prouesses techniques de son époque et des théories scientifiques en vogue, notamment les travaux de vulgarisation de l’astronome François Arago, du mathématicien Joseph Bertrand, auteur des Fondateurs de l’astronomie moderne, ouvrage publié chez Hertzel également en 1865, ou ceux d’Henri Garcet, cousin de Jules Verne et auteur des Eléments de mécanique et de Leçons nouvelles de cosmographie.

Partant des prouesses techniques de son époque et des théories scientifiques en vogue, Jules Verne extrapole et cherche la vraisemblance dans la reprise des caractéristiques d’inventions existantes en en accentuant la taille et les performances. Conscient de son risque d’erreur, prudent, le romancier souligne systématiquement le caractère hypothétique de certaines théories, ce qui lui vaudra les critiques de cet autre vulgarisateur de génie que fut Camille Flammarion.

Roman scientifique ou d’anticipation ?

Au chapitre 4, Verne dresse la liste de questions suscitées par son entreprise : « Est-il possible d’envoyer un projectile dans la Lune ? Quelle est la distance exacte qui sépare la Terre de son satellite ? Quelle sera la durée du trajet du projectile auquel aura été imprimée une vitesse initiale suffisante, et, par conséquent, à quel moment devra-t-on le lancer pour qu’il rencontre la Lune en un point déterminé ? À quel moment précis la Lune se présentera-t-elle dans la position la plus favorable pour être atteinte par le projectile ? Quel point du ciel devra-t-on viser avec le canon destiné à lancer le projectile ? Quelle place la Lune occupera-t-elle dans le ciel au moment où partira le projectile ? »

Répondre à ces questions permet de faire l’état des connaissances de l’époque en matière astronomique et balistique mais également de saisir en quoi Verne a anticipé sur notre époque.

D’Henri Garcet à Cap Canaveral

Cap Canaveral.

Lancement d’une fusée à Cap Canaveral en Floride (photo Wikipedia)

Le choix de la base de lancement est évoqué au chapitre 11 et son emplacement tient compte d’impératifs de mécanique céleste imposant la latitude la plus équatoriale possible. Il est amusant de constater que le choix inspiré par Henri Garcet sur la côte de  Floride, correspond à Cap Canaveral, devenu Cap Kennedy.

La rivalité entre la Floride et le Texas, exerçant des pressions sur le Congrès pour obtenir un site de lancement sur leur Etat permet à Verne d’ironiser sur les mœurs politiques américaines. La réalité, parfois en retard, rejoindra en partie la fiction, dans les années 1960. Lors des premiers vols habités Mercury, lancés depuis la Floride, le vice-président américain Lyndon Johnson, comme de nombreux parlementaires et acteurs économiques, fait pression pour que le centre de contrôle des futures missions spatiales soit installé à Houston. Une réalité historique décrite avec humour par  le romancier américain Tom Wolfe dans L’Etoffe des Héros, consacré aux premières missions spatiales et adapté au cinéma avec Tom Cruise en tête d’affiche.

 

Il est également intéressant de constater à quel point l’utopie scientiste universaliste de Verne peut à la fois paraître dater et entrer en écho avec la période contemporaine.

Jules Verne consacre le chapitre 12 au financement de l’opération, une question également évoquée, mais fort différemment dans Prisonnier de la Planète Mars de Gustave le Rouge (1908) ou Aëlita d’Alexis Tolstoï (1923 ) , mais fort différemment…

Aborder cette dimension financière permet à Jules Verne de montrer que ses héros ne sont pas de doux rêveurs mais sont soucieux des questions pécuniaires. En faisant appel à un financement bénévole et international, il soustrayait le projet du cadre purement américain pour en faire une utopie planétaire et désintéressée : « C’était à la fois le droit et le devoir de toute la Terre d’intervenir dans les affaires de son satellite. La souscription ouverte dans ce but s’étendit de Baltimore au monde entier, urbi et orbi. »

L’anticipation bat là aussi son plein et Verne nous apparaît comme un fin connaisseur de l’âme humaine, des dissonances possibles entre la science et l’argent et sociologue avant l’heure de la conquête spatiale. Que l’on pense aux projets pharaoniques d’aujourd’hui pour emmener des touristes et des explorateurs sur la Lune ou Mars, aux visées différentes qui peuvent motiver les scientifiques, les hommes d’Etat, les capitalistes ou les aventuriers d’aujourd’hui et les éventuels colons interplanétaires.

L’apport scientifique de Jules Verne

Certains scientifiques remettent aujourd’hui en question l’apport de l’œuvre vernienne à la science. Sa technique pour envoyer des hommes sur la Lune peut en effet surprendre. Construire un canon de 68 000 tonnes et de 274 mètres de longueur, peut paraître fou. La fusée existait déjà à son époque et ses aventuriers en utilisent d’ailleurs une pour effectuer des corrections de trajectoire ! Par contre, la plupart des calculs utilisés par Jules Verne sont corrects et il a su profiter de l’aide des mathématiciens Bertrand et Garcet pour proposer des théories vraisemblables.

Concernant l’optique, car il faut suivre l’évolution de l’obus lancé dans l’espace, Jules Verne a utilisé une technique fréquente en S.F. : il s’appuie sur des règles mathématiques bien établies pour les utiliser librement confirmées et les utilise sans prendre en compte de nombreux facteurs.

Télescope Isaac Newton à La Palma (photo Wikipedia)

Télescope Isaac Newton à La Palma (photo Wikipedia)

Selon l’auteur, plus le diamètre du miroir du télescope est important, plus le grossissement est conséquent et il faut un très grand télescope pour observer le voyage de l’obus. Le télescope de Verne aurait dû mesurer 85 mètres, posséder un miroir d’un diamètre de 4.88 mètres et un poids de… 15 tonnes ! Au-delà de la difficulté de construction, les lois de l’optique sont différentes. L’atmosphère de la Terre n’étant pas homogène en humidité et température, les indices optiques varient considérablement. Autrement dit, un grand miroir augmente la sensibilité à ces turbulences, rendant inutilisable un miroir de cette taille. Ces calculs étaient d’ailleurs erronés, même sans cela le télescope n’aurait pu voir le boulet et seul un objet de 40 mètres aurait pu être observé.

Au niveau astronomique, les voyageurs croisent un autre satellite de la Terre. Une théorie de l’époque décrivait un satellite effectuant sa révolution en 3h20 à 8 140 mètres de la surface de la Terre. Ceci est en totale contradiction avec la troisième loi de Kepler, pourtant connues depuis plus de 50 ans !

Postérité de Verne : la science-fiction entre science et fiction

Et pourtant, le roman de Verne possède bien une dimension scientifique indiscutable et ayant suscité des émules et des vocations.

Même si les calculs mathématiques, aux niveaux astronomique, optique et physique, sont pour certains inexacts, car certains paramètres sont ignorés, les principes restent valables.

L’auteur avait par exemple décidé que le miroir du télescope serait en verre argenté. Une innovation pour l’époque où est encore employé le spéculum, un matériel au pouvoir réflecteur moindre. Son télescope s’inspire de celui de lord Rosse en Irlande, une manière de présenter un instrument scientifique en en vulgarisant, au sens noble de rendre accessible au peuple, l’usage. Le romancier prend d’ailleurs en compte les perturbations atmosphériques en situant son télescope au sommet de Long’s Peak, dans Les Rocheuses, à 4348 mètres d’altitude. Quant à l’amerrissage de l’obus, il anticipe également sur celui des  capsules Apollo.

Malgré quelques réserves dues aux avancées scientifiques et technologiques depuis un siècle et demi, la postérité ne s’est pas trompée : le roman de Jules Verne, à l’instar de L’Histoire comique des États et Empires de la Lune (vers 1650) de Savinien Cyrano de Bergerac, était digne de pénétrer dans le panthéon mondial de la littérature et de la science par l’entrée des artistes.

Du côté des grands vulgarisateurs, Jules Verne a pu influencer Jean-Yves Cousteau, Stephen Jay Gould, Stephen Hawking ou Hubert Reeves.

Référence incontournable en Science-Fiction depuis Wells qui l’évoque ironiquement dans The First Men in the Moon (1901) comme au cinéma depuis Le Voyage dans la Lune (1902) de Méliès, on le voit même apparaître dans l’attraction Space Mountain d’un célèbre parc d’attractions ou encore le jeu vidéo Voyage au cœur de la Lune, développé par Kheops Studio.

Le Voyage dans la lune de Georges Mélies réalisé en 1902, soit trois ans avant la mort de Jules Verne.

Le Voyage dans la lune de Georges Mélies réalisé en 1902, soit trois ans avant la mort de Jules Verne.

Si Jules Verne n’a pas inventé grand-chose, il a initié un large public aux merveilles de la science à une époque où les développements industriel et scientifique sont conséquents et la croyance au progrès, dans le sillage du positivisme d’Auguste Comte, partagée quasi unanimement si l’on excepte Baudelaire et quelques nostalgiques du passé.

De plus, géographiquement, la plupart des coins reculés du globe sont découverts, et les frontières de l’inconnu reculent. La science ouvre une nouvelle porte vers l’inconnu et il est toujours du nouveau à découvrir dans un sous-marin 20 000 lieues sous les mers ou dans un obus en partance pour la Lune.

Le public et les scientifiques ont réagi différemment. Si le public raffole d’un des écrivains le plus traduit au monde, les scientifiques prônent une vulgarisation plus didactique et rigoureuse même si les références à des théories en vogue à l’époque, comme Zola dans des circonstances plus naturalistes,  sont nombreuses.

Son influence est considérable et encore perceptible de nos jours. S’il ne fut pas aussi rigoureux qu’un Fabre sur les insectes ou un Camille Flammarion qui l’accusait d’établir ses fabulations sur des données inexactes et de glisser, par-ci et par-là, dans ses chapitres des erreurs scientifiques, son nom a cependant été donné à 3 astéroïdes, plusieurs sous-marins nucléaires (dont le premier) et du matériel spatial ayant connu plus ou moins de succès…

Avec cet article sur Jules Verne, grâce à ce cours complet de soutien scolaire tu as désormais tous les outils pour préparer ton exposé en français ou en sciences. Bonne chance !
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