« Être à la bourre »… Ou comment ne pas être pressé pour comprendre l’origine de cette expression !
Nouveau cours de soutien scolaire français collège (troisième) et lycée (seconde première) Marion se penche sur l’expression « Être à la bourre », très employée de nos jours pour dire que nous sommes en retard et pressés, sur un ton plutôt familier ! Or, mieux vaut ne pas trop se hâter pour saisir ses différentes origines qui sont loin d’être toutes issues de l’argot comme on aurait tendance à le croire…
Le bourru du jeu de cartes
La première origine, et celle la plus communément admise d’ailleurs, est celle du jeu de cartes appelé la bourre, ou plutôt la borra en occitan d’où il est issu. Ce jeu de cartes, très pratiqué au début du XXe siècle et notamment par les soldats dans les tranchées durant la Première Guerre Mondiale, consiste à faire le plus de plis possibles. Si un joueur ne parvient pas à faire une seule levée, il est alors appelé le bourru, c’est-à-dire, celui qui avait perdu toute sa fortune et qui avait pris du retard dans les plis ramassés. Etre le bourru signifiait donc être pauvre, dans la misère. Puis, par extension, l’expression être à la bourre se forma avec le sens qu’on lui connaît aujourd’hui !
Vite, bourrer le canon !
Quant à la deuxième hypothèse de la provenance de cette expression, elle est issue du vocabulaire des armes et plus particulièrement du canon. Là encore, la personne désignée comme étant à la bourre n’est pas des plus chanceuses ! En effet, la bourre qualifiait l’outil qui servait à pousser la poudre au fond des canons sur laquelle le boulet était placé avant que le tir soit déclenché. Or cette opération était très délicate et il arrivait souvent que la poudre s’enflammât avant l’introduction du boulet, produisant des accidents funestes… Mieux valait donc ne pas être à la bourre, tant parce que le canonnier souhaitait sans doute voir cette opération se dérouler le plus rapidement possible, mais aussi parce qu’elle devait être faite promptement ! Si la validité de l’origine de l’expression qui nous intéresse aujourd’hui n’est pas prouvée à travers cette histoire, le verbe bourrer surtout utilisé aujourd’hui dans un langage familier comme dans l’expression bourrer le crâne, serait, quant à lui, bien issu de là !
De l’étoffe à la chasse : se tirer la bourre
Enfin, on ne saurait être complet sans revenir à l’étymologie même du terme bourre qui est issu du
Ces poils garnissaient notamment les harnais et la selle. On semble ici bien loin de la définition de notre expression ! Mais avec l’évolution de la langue, le verbe bourrer fait son apparition au XVIIe siècle dans le langage de la chasse pour parler des chiens qui bourraient le gibier, c’est-à-dire qui arrachaient une touffe de poils à leur victime avec leurs crocs. De là, semble-t-il, l’expression familière se tirer la bourre pour dire se concurrencer. Le fait de courir après sa proie aurait quant à lui donner l’expression être à la bourre pour dire de se dépêcher, et même celle de coup de bourre pour parler d’un moment où l’on doit se hâter pour parvenir à finir quelque chose.
Alors la prochaine qu’un ami arrive en retard en s’excusant d’être à la bourre, profitez-en pour lui faire part de tout ce savoir appris grâce à Marion, E-prof de soutien scolaire en ligne ; il pourra bien vous consacrer cinq petites minutes culturelles supplémentaires !
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