Comment s’organise en détails l’épreuve de bac français autour du corpus ?  Notre e-prof de français en ligne vous fournit des réponses sur notre blog de soutien scolaire.

révision baccalauréatLe sujet de l’épreuve écrite de français porte sur un ensemble de textes rattachés à un objet d’étude du programme, le fameux corpus. Il peut être composé d’un seul texte en cas d’œuvre intégrale brève ou d’un extrait de trois pages maximum.

Une ou deux questions accompagnent le corpus avec réponses intégralement rédigées attendues. D’après les textes officiels, la question de corpus peut aider à  élaborer le travail d’écriture (commentaire, dissertation ou écriture d’invention).

Cet exercice évalue principalement les compétences suivantes :

  • La capacité à analyser rapidement les textes et à les comparer,
  • La capacité à comprendre la question posée et à y répondre de manière pertinente (à l’aide de vos connaissances),
  • L’expression écrite du candidat (grammaire, orthographe, vocabulaire)

Lorsqu’un élève est confronté à la question de corpus, il passe par les quatre étapes suivantes :

  1. Analyser la question posée en repérant et analysant les mots-clés,
  2. rechercher des éléments de réponse en relevant des citations,
  3. construire un plan de réponse,
  4. rédiger la réponse.

Dans le cadre de l’action Prof Express en faveur du soutien scolaire en ligne, votre e-prof de français préféré (moi !), vous fournit gracieusement un exemple d’une demande à laquelle il a été confronté. Après avoir analysé les mots-clés et fourni une réponse rédigée, vous trouverez des extraits de votre texte préféré (pas de moi !), les Instructions Officielles de l’enseignement du français au lycée.

Question:

À quel(s) genre(s) et à quel(s) registre(s) appartiennent ces textes? Quel est le but de chacun d’eux?

Document 1 : Lettre

Paul Verlaine

Paul Verlaine

Éloigné de vos yeux, Madame, par des soins
Impérieux (j’en prends tous les dieux à témoins),
Je languis et je meurs, comme c’est ma coutume
En pareil cas, et vais, le cœur plein d’amertume,
À travers des soucis où votre ombre me suit,
Le jour dans mes pensers, dans mes rêves la nuit,
Et la nuit et le jour, adorable Madame !
Si bien qu’enfin, mon corps faisant place à mon âme,
Je deviendrai fantôme à mon tour aussi, moi,
Et qu’alors, et parmi le lamentable émoi
Des enlacements vains et des désirs sans nombre,
Mon ombre se fondra pour jamais en votre ombre.

En attendant, je suis, très chère, ton valet.

Tout se comporte-t-il là-bas comme il te plaît,
Ta perruche, ton chat, ton chien ? La compagnie
Est-elle toujours belle, et cette Silvanie
Dont j’eusse aimé l’œil noir si le tien n’était bleu,
Et qui parfois me fit des signes, palsambleu !
Te sert-elle toujours de douce confidente ?
Or, Madame, un projet impatient me hante
De conquérir le monde et tous ses trésors pour
Mettre à vos pieds ce gage – indigne – d’un amour
Égal à toutes les flammes les plus célèbres
Qui des grands cœurs aient fait resplendir les ténèbres.
Cléopâtre fut moins aimée, oui, sur ma foi !
Par Marc-Antoine et par César que vous par moi,
N’en doutez pas, Madame, et je saurai combattre
Comme César pour un sourire, ô Cléopâtre,
Et comme Antoine fuir au seul prix d’un baiser.

Sur ce, très chère, adieu. Car voilà trop causer,
Et le temps que l’on perd à lire une missive
N’aura jamais valu la peine qu’on l’écrive.

Paul Verlaine, Fêtes galantes, 1869

Document 2 : Adieu !

Guillaume Apollinaire

Guillaume Apollinaire

L’amour est libre il n’est jamais soumis au sort
O Lou le mien est plus fort encor que la mort
Un cœur le mien te suit dans ton voyage au Nord

Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie
On aime en recevoir dans notre artillerie
Une par jour au moins une au moins je t’en prie

Lentement la nuit noire est tombée à présent
On va rentrer après avoir acquis du zan
Une deux trois A toi ma vie A toi mon sang

La nuit mon coeur la nuit est très douce et très blonde
O Lou le ciel est pur aujourd’hui comme une onde
Un cœur le mien te suit jusques au bout du monde

L’heure est venue Adieu l’heure de ton départ
On va rentrer Il est neuf heures moins le quart
Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard

4 fév. 1915

Adieu – Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou

Document 3 : Lettre

Philippe Jaccottet (photo Erling Mandelmann)

Philippe Jaccottet (photo Erling Mandelmann)

Michelle, nous avons été de ces oiseaux
Qui se frôlent, portés en flèche à la lumière,
Et se poursuivent en criant toujours plus haut
Jusqu’à l’extase, trop pareille à l’éphémère …
– Mais plus d’images entre nous : j’ai dit en rêve
les mots qui rendent la distance un peu plus brève
entre nos corps, ces personnages infernaux ;
tu savais en former d’assez étroits anneaux
pour qu’ils exultent à en oublier leurs frontières
et la mort qui attend, curieuse, derrière ;
moi, j’étais trop souvent comme un enfant distrait,
je voyageais, je vieillissais, je te quittais,
et quand nous sommes remontés vers l’aube crue,
c’est un spectre que tu guidais de rue en rue,
là où le chant du coq ne pourrait plus l’atteindre.
Et pourtant cette ombre t’aimait … On ne sait pas
ce que l’on trouvera là-bas pour vous étreindre …
– Habitante de cette nuit, tu penseras
sans trop de haine à qui demeure on ne sait où
et te frôla comme un oiseau sur les paupières
puis monta, sans cesser d’apercevoir dessous
ton sourire scintiller comme une rivière…

 Philippe Jaccottet, L’Effraie, 1953, Gallimard

Réponses :

La question posée : « À quel(s) genre(s) et à quel(s) registre(s) appartiennent ces textes? Quel est le but de chacun d’eux? » nous invite d’abord à repérer les mots-clés : « genres et registres » et donc à faire un point sur les connaissances.

Au niveau du genre, il s’agit du genre poétique et plus précisément de poésie lyrique où les poètes s’adressent à une femme sur différents registres sous forme de lettre versifiée, d’acrostiche ou de poème en prose.

Pour Verlaine, les registres sont pathétique, lyrique mais surtout d’un comique satirique qui se fait ironique. Ce dernier permettant de mettre à distance l’expression des sentiments.

Dans l’acrostiche d’Apollinaire, le lyrisme prend des accents pathétiques tout en mettant à distance la peur de la mort par l’expression de la simplicité de la vie du soldat et de l’amour qui les transcendent.

Chez Jaccottet, le thème lyrique des amours impossibles prend des accents pathétiques avec l’adresse à une absente défunte, l’expression du regret et de la culpabilité et tragiques avec l’évocation de la mort en filigrane.

Le but de chacun d’eux nous renvoie  à la visée du texte : émouvoir, faire rire en suscitant à la fois l’admiration et l’indignation pour Verlaine, appeler à la compassion et au partage des sentiments chez Apollinaire ou encore émouvoir par une déclaration d’amour posthume en guise de testament justificatif pour Jaccottet.

Une telle question est apte à susciter votre réflexion sur les genres et les registres pour analyser leur évolution, leurs croisements, leurs similitudes et leurs différences comme le montre l’emploi du pronom indéfini « chacun » dans la deuxième phrase qui invite à s’interroger sur la spécificité des extraits. Les registres qui varient ou se mêlent selon les textes vont permettre de nourrir le commentaire comme la dissertation ou le sujet d’invention.

A propos des genres et des registres

Au chapitre des genres et des registres, les Instructions Officielles pour le lycée précisent quelques éléments intéressants que nous développerons dans un prochain article mais dont nous vous extrayons ici la substantifique moelle.

Au sujet des genres, nous prélevons pour vous ce qui est directement en relation avec la question de corpus du paragraphe intitulé Genres et écriture :

« L’étude des genres peut donner la matière de dissertations et se réinvestit dans l’écriture de commentaire et dans l’écriture d’invention. Pour la préparation au commentaire de texte, la catégorie générique est un élément-clé de la signification des textes ; l’étude d’œuvres intégrales et l’analyse d’extraits conduisent à soulever les questions de la conformité d’un texte avec les lois du genre dont il relève et à s’interroger sur la façon dont, le cas échéant, il les module, ce qui ouvre la voie à la réflexion sur son originalité. Par l’écriture d’invention, on peut mieux faire percevoir ces lois des genres, en tant que protocoles pour la production de textes. »

 Au chapitre des registres, on apprend, ou se souvient (ce qui est paraît-il pour Platon la même chose) que :

« Les registres sont la manifestation par le langage des grandes catégories d’émotions et de mouvements de sensibilité. La joie, l’angoisse, la colère, l’indignation, l’admiration, la plainte, la compassion, la méfiance, le doute trouvent là leur lieu, à travers des formes d’expression multiples. »

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