La géographie et la philosophie se rencontrent pour un riche cours de soutien scolaire en ligne spécial lycée dans ce paysage désolé qu’est la planète Mars.

La conquête spatiale, au cœur de nos préoccupations contemporaines, n’est que le prolongement de la soif de l’homme pour la découverte.

Cours de géographie en ligne : le paysage martien

Pierre, E Prof Express d’histoire géo, revient de l’exposition Explorez Mars qui se tient au Palais de la Découverte pour vous faire découvrir quelques spécificités de ce paysage quelque peu aride, loin bien loin de la planète bleue.

Ces informations viennent corroborer le précédent article de soutien scolaire SVT sur la possibilité ou non d’une installation humaine pérenne sur Mars, astre situé à huit mois de voyage de notre bonne vieille Terre.

Photographie prise par le rover Curiosity en 2012. Source : NASA JPL

Photographie prise par le rover Curiosity en 2012. Source : NASA JPL

Montagnes ? Vallées ? Plateaux ? A quoi ressemble le paysage martien ?

Comment capturer le paysage martien ?

Des robots ont été envoyés dès les années 1970 pour étudier Mars. Aujourd’hui, ces rovers prennent toujours des photos, des vidéos et recueillent des échantillons. C’est le cas du rover Curiosity, lancé en 2011 et qui a parcouru pour l’instant un peu plus de 13km. Il effectue un travail de géographe en arpentant le terrain martien et en capturant des instantanés de paysages (étendues que l’on voit d’un seul coup d’œil).

Un désert de roches et de sable à perte de vue

Immenses plaines rocailleuses, terres rocheuses rouges, étendues arides, montagnes désolées et ciel sans nuages… telle serait la vision que vous auriez si vous étiez sur Mars. Ce paysage désertique, constitué de roches et de sable est marqué au sol par des cratères et des volcans, tel le Mont Olympe, un volcan de 22km d’altitude s’étendant en pente douce sur 500km, plus grand volcan du système solaire. Aussi, les formes de relief que nous connaissons sur Terre (montagne, vallées..) existent sur Mars, mais à une autre échelle. Nous ne trouvons pas par exemple sur Terre de Volcan aussi grand que sur Mars.

Superficie du Mont Olympe comparée à la superficie de la France. Source : Sémhur / Wikimedia Commons

Superficie du Mont Olympe comparée à la
superficie de la France. Source : Sémhur / Wikimedia Commons

Dans ce paysage « lunaire », vous ne verriez pas d’eau, car l’eau à l’état liquide a disparu il y a environ 3,8 millions d’années. Et par conséquent, la vie qui a pu exister, n’y est plus possible de nos jours.

devon (1)

Curiosity testé sur l’île Devon, au Canada,.

Etudier le paysage martien revient à faire ce que les scientifiques appellent de la « planétologie comparée », et à se demander des similitudes existent avec le paysage d’autres planètes. Avec ses cratères d’impacts, Mars ressemble à la Lune et en observant les teintes fauves, l’absence totale de végétaux et l’aridité manifeste, on réalise qu’il existe aussi des sortes de paysages martiens sur Terre, tel sur l’île Devon au Canada où des scientifique américains ont testé le rover Curiosity afin d’assurer dans les meilleures conditions son atterrissage et sa mobilité une fois au sol.

Un paysage martien pour qui ?

Le paysage terrestre ressemblera-t-il au paysage martien?

Les planètes en vieillissant se refroidissent, et étant donné que le champ magnétique de la terre finira par s’éteindre un jour, le vent solaire fera disparaître l’atmosphère. A terme, la Terre devrait peu ou prou ressembler à Mars….Mais pas avant quelques millions d’années…

D’ici là, vous aurez peut-être effectué un voyage sur la planète rouge puisque la Nasa (agence spatiale américaine), prévoit d’envoyer des humains sur Mars dans les années 2030. Prévoyez tout de même de la lecture car la durée du voyage est d’environ 8 mois…

Philosophie et histoire : Mars ou le fantasme de la découverte

La conquête de l’espace, et plus précisément la conquête pour plus d’espace représente une dynamique majeure dans l’histoire de l’humanité. L’idée de découvrir, d’explorer, de développer ses connaissances en estdit-onla raison essentielle.

Pourtant lorsqu’on évoque les figures emblématiques des explorateurs de l’espace terrestre comme Vasco De Gama, Marco Polo, Magellan, Hernan Cortes, James Cook, Jacques Cartier ou Francisco Pizzaro et bien d’autres encore, peu se sont attardés de manière scientifique sur l’objet de leur investigation, beaucoup ont recherché et déployé leurs efforts dans le but d’obtenir des avantages en nature : colonisation, esclavage, génocide, alliances politiques, appâts, gains etc…

Ces explorateurs étaient mus – pour la plupart – par l’insatiable désir de conquérir, de coloniser, de posséder et à l’occasion de découvrir de nouvelles terres et populations. Ainsi donc, cet appétit qui émule tant l’avancée technologique, se développe très souvent autour du contrôle de l’objet d’investigation, ce qui peut conduire aussi à sa destruction. Aussi associée à la découverte des Indes, la colonisation des indiens d’Amérique n’a pas tellement tardé, assortie de son génocide.

Dans ce cadre historique, connaître, découvrir c’est avant tout s’emparer, s’approprier, dominer et très souvent détruire. Pourquoi l’Homme veut-il détenir l’objet qu’il souhaite connaître ? D’ailleurs, est ce que l’homme est mu par le désir de connaître, de savoir ? Est-ce que la conquête de nouveaux territoires est liée à une volonté de connaître, d’appréhender le nouveau ou bien de posséder et de coloniser ? Est-ce que le désir de possession ne va pas à l’encontre de celui de connaître ?

Plus encore, est-ce que connaître, dominer et posséder ne sont pas deux intentions incompatibles ? Plus précisément, est-ce que la connaissance ou la découverte, n’est pas l’alibi moral d’une volonté de puissance sur l’objet ?

Bachelard et les obstacles épistémologiques

Gaston BachelardLorsque Bachelard évoque les différents obstacles épistémologiques (liés à l’acte de connaître) que rencontre le scientifique à son insu (de manière inconsciente), il montre combien l’Homme est entravé dans sa volonté de connaître. Alors qu’il évoque le rapport utilitaire – que nous avons déjà évoqué – de l’homme avec l’objet, il exposera bien d’autres obstacles qui pervertissent l’acte de connaître comme le caractère impressionnant de la première expérience scientifique, comme la tendance à la généralisation, comme l’expérience verbale où trop souvent le mot tient pour explication, comme l’obstacle « substancialiste » où la matière permet d’expliquer un phénomène. Il parlera aussi de la projection digestive ou libidinale que l’homme porte sur les phénomènes à expliquer ainsi que son fantasme de maîtriser l’objet qu’il mesure. Dans son ouvrage, La formation de l’esprit scientifique, il énoncera également, le fantasme de possession du réaliste « qui a barre sur son adversaire parce qu’il a –croit-il – le réel pour lui, parce qu’il possède la richesse du réel tandis que son adversaire, fils prodigue de l’esprit, court après de vains songes ». Ici, la possession porte sur la représentation du réel que l’on considère comme vraie. L’univers dans lequel un homme vit est forcément « La » réalité en comparaison aux autres univers, aux autres « mondes ». Ne dit-on pas : « Il vit dans son monde !». Ce qui sous-entend que l’univers de l’ «autre» est décalé, « non conforme », moins réel que le sien. Le fantasme du réaliste selon Bachelard porte sur l’évidence et la possession de la véracité de sa propre compréhension de la réalité.

Descartes et la maîtrise de la nature par les hommes

Ainsi donc, nombreux sont les obstacles internes à l’acte de connaître, c’est-à-dire les illusions du chercheur qui entravent l’acte de connaître son objet. Pour remédier à ces difficultés épistémologiques, Bachelard parlera de psychanalyse de la connaissance, psychanalyse sensée lever les écueils interprétatifs des phénomènes scientifiques. Et même si Bachelard préconisera quatre principes susceptibles d’éviter les erreurs scientifiques comme le dépassement des préjugés, comme le refus de l’argument d’autorité (dogmes religieux), comme la redynamisation de l’esprit et de la raison, force est de constater combien la connaissance scientifique est subordonnée à l’intention de posséder, de s’approprier l’espace et la nature qui se développe sur cet espace. Cette démarche proposée par le premier philosophe de la technique en la personne de Descartes montre bien l’idéal humain. Dans le discours de la méthode, Descartes parle de la maîtrise de la nature par les hommes qui en seront « comme maîtres et possesseurs ». Cet idéal de conquête, même imparfait (« comme ») n’en demeure pas moins la ligne directrice de plus en plus affirmée de l’homme en quête de maîtrise de l’espace, dans le but d’améliorer ses conditions de vie.

Ici, dans un cadre aussi spécifique, la question portant sur l’aptitude de l’homme à « découvrir » un espace reste entière. Est-ce que découvrir et posséder ne sont pas deux attitudes de l’esprit antinomiques ?

L’acte de connaître est soumis à la tendance « prédative» de l’Homme. La science apparaît donc soumise à la volonté de puissance et de domination de l’Homme sur la nature. Elle n’est donc pas neutre.

Heidegger et la « machination » de l’homme

HeideggerDans un même ordre d’idées, ce que constate Heidegger lorsqu’il analyse la technique et plus exactement l’esprit de la technique, c’est le regard hyper-rationaliste que porte l’homme sur le monde qu’il somme, qu’il soumet à l’obéissance et à la satisfaction de ses besoins. L’esprit de la technique (au-delà des moyens techniques pour satisfaire un objectif), c’est le regard porté sur l’environnement naturel, conçu désormais comme mis à disposition pour l’Homme. Ici, la nature est envisagée comme « un fond de stock » à disposition de l’Homme qui perd lui-même son essence puisqu’il subit aussi le sort du traitement qu’il inflige à la nature. Dans cette perspective, tout ce qui fait partie de la nature, c’est-à-dire les hommes, la culture, les relations et les choses subissent le mode du « décèlement », de « la réquisition » pour la consommation. Tout « étant » (même l’homme) est mis à disposition et entre dans l’engrenage de l’évaluation, de la sérialisation et du classement. Le rapport de l’homme au monde est placé sous le signe du mécanisme, et selon le terme heideggerien, la «machination ». Seules les performances comptent, seul le savoir-faire est mis en valeur au détriment de l’être. La « machination » ou « l’empire du faire » décrié par Heidegger exprime ici « la volonté de puissance » qui enferre également l’homme dans sa propre logique. La technique qui décrie la volonté de puissance de l’Homme sur la nature et ses effets pervers, se décline dans le pouvoir colonisateur de l’Homme sur la terre et sur d’autres planètes.

Dès lors, est-ce que cette volonté de puissance sur toute chose n’enferme-t-elle pas l’Homme dans son propre égocentrisme ou ethnocentrisme impropre ou préjudiciable à la découverte de l’inconnu ? Est-ce que découvrir une planète étrangère, c’est la soumettre à ses propres besoins pratiques ? Est-ce que dans cette illusoire maîtrise de l’environnement, l’Homme ne passe pas « à côté » de la connaissance de ce réel ? De fait, est-ce que vouloir accéder à l’étrange ou l’inconnu n’est pas antinomique chez l’Homme mu par « la puissance du rationnel », mesurable, rentabilisable ? Pour découvrir l’univers, n’est-ce pas l’Homme qui doit se réformer, modifier son rapport à lui-même, ou son narcissisme ?

L’homme et l’univers dans le théâtre de Giraudoux

A ce sujet-là Jean Giraudoux brosse un tableau piquant et drôle du rapport narcissique que l’Homme porte vis-à-vis de lui-même et de l’univers.

Dans la pièce de théâtre de Jean Giraudoux, intitulée Amphitryon 38, Acte I, scène 5, Jupiter veut séduire Alcmène et pour ce faire doit prendre l’apparence d’un homme : Amphitryon. La description de la transformation d’un Dieu en homme décrit de manière savoureuse l’image sur-dimensionnelle que l’homme s’accorde. Après la transformation physique, s’ensuit la transformation psychique de Jupiter qui parle avec Mercure.

« Mercure: Oui votre cerveau… Il convient d’y remplacer d’urgence les lois divines par les humaines… Que pensez-vous ?… Que croyez-vous ? Quelles sont vos vues de l’univers maintenant que vous êtes homme ?… Avez-vous l’idée que vous seul existez, que vous n’êtes sûr que de votre propre existence ?

Jupiter : Oui, c’est même très curieux d’être aussi emprisonné en soi-même !

Mercure : Avez-vous l’idée que vous pourrez mourir un jour ?

Jupiter : Non. Que mes amis meurent, pauvres amis. Oui Hélas ! Mais pas moi.

Mercure : Très bien ! Et ce ciel qu’en pensez-vous ?

Jupiter : Le ciel, je pense qu’il est à moi et beaucoup plus depuis que je suis mortel que lorsque j’étais Jupiter ! Et ce système solaire, je pense qu’il est bien plus petit, et la terre immense, et je me sens soudain plus beau qu’Apollon, plus beau et plus capable d’exploits amoureux que Mars, et pour la première fois je me crois, je me crois maître des Dieux !

Mercure : Alors vous voilà vraiment homme ! Allez-y ! »

Changer le rapport de l’homme avec la nature ?

Alors que la conquête de l’espace est déterminée par une démarche accumulative dont le but est de conquérir et de maîtriser plus d’espace, qu’en est-il de la conquête d’un espace autre, comme celui de Mars ou d’autres planètes, espace hors de la terre, espace extra-terrestre ?

Est-ce que la démarche de conquête déjà développée sur le lieu terrestre permet de découvrir un autre espace ? L’entreprise de découverte sur un espace différent que celui de la terre met plus en avant l’ambivalence sur laquelle repose l’acte de connaître. Encore une fois, s’agit-il de connaître ou de posséder ? Sur une terre « vierge » de l’activité humaine, l’idée de connaître, de découvrir, d’aller vers l’inconnu prend une tout autre dimension, plus de véracité, plus de force.

Est-ce que le désir de connaître ne va pas à l’encontre de la volonté de puissance de l’homme sur la nature ? Est-ce que derrière l’intention d’explorer et de connaître un espace terrestre ou extra-terrestre, ne se dissimule pas une volonté de ne pas connaître car la connaissance peut s’avérer déstabilisante et peut entraîner des modifications dans les paradigmes auxquels l’homme s’est adapté et habitué ? Est-ce que modifier ces paradigmes n’implique pas une modification de l’image que l’homme a de lui-même ? Est-ce que l’homme ne doit pas changer l’image qu’il a de lui-même et de son rapport avec la nature pour la découvrir autrement ?

N’est-ce pas dans le changement du rapport de l’homme avec la nature, que la représentation de l’univers changera aussi ? Si la nature est envisagée dans un rapport ouvert et neutre, ne renferme-t-elle pas des mystères, des secrets qui ne peuvent se dévoiler du fait du regard « technique » que porte l’Homme sur elle ?

La troisième dimension… et après ?

Est-ce que connaître un espace, qu’il soit terrestre ou extra-terrestre, ce n’est pas laisser de l’espace pour rien à cet espace pour qu’il se dévoile, se manifeste, s’exprime ?

Est-ce que cet espace est irréductible aux trois dimensions ?

Ne revêt-il pas, au-delà de sa visibilité, d’autres dimensions, d’autres espaces invisibles pour l’homme, d’autres manifestations du vivant, manifestations subtiles qui appartiennent à d’autres plans vibratoires ?

En ce cas, le phénomène extra-terrestre est présent partout. Il n’est pas lié à une géolocalisation particulière éloignée de la terre. N’est pas forcément extra-terrestre ce qui est éloigné de la terre.

L’étrange, le différent, l’inconnu n’est pas obligatoirement lié à un territoire en dehors de l’espace terrestre, mais à la variation des plans vibratoires. En effet, en sachant que « derrière » la matière il y a de l’énergie et que la matière n’est qu’un condensé d’énergie, toute chose, tout être vivant n’est qu’un condensé d’énergie.

Le centre de recherche nucléaire affirmait : « Ce qui nous paraît être de la matière solide n’est constituée en réalité que de particules vibratoires tournoyant dans un grand vide à une telle vitesse qu’elle nous donne l’impression de solidité. Si le mouvement de ces particules cessait tout à coup comme un ventilateur qui s’arrête, il n’y aurait plus que du vide. » Or cette énergie a une fréquence énergétique vibratoire particulière. Dès lors notre énergie en mouvement crée la 3ème dimension, et de fait, les êtres et les objets visibles dans cette dimension doivent vibrer selon la fréquence du monde physique.

N’est-il pas dans les aptitudes humaines de modifier leur fréquence vibratoire pour accéder à d’autres dimensions ? Au fond, est-ce que les différentes dimensions ne coexistent pas simultanément ?

L’image du poste de radio qui peut capter différentes chaînes (ou ondes), différentes émissions en changeant de réseaux est une image qui illustre que des ondes coexistent et qu’on peut capter leur fréquence à notre guise. A ce titre, les espaces terrestres, intra-terrestres ou extra-terrestres sont aussi, peut-être des espaces qui coexistent simultanément, sur des fréquences vibratoires différentes ou dimensions différentes. Peut-on parler de monde multidimensionnel, lequel revêt différentes dimensions peu perceptibles pour la majorité des hommes qui perçoivent principalement la 3ème dimension? Comme pour le poste de radio, l’Homme ne perçoit que la fréquence qu’il est capable de capter, mais d’autres fréquences vibratoires existent, d’autres dimensions coexistent. Il s’agirait alors de pouvoir les capter.

Ainsi donc, est-ce que l’exploration de Mars en tant qu’image emblématique d’une possible vie extra-terrestre n’est pas un faux problème ?

Est-ce que nous ne vivons pas depuis toujours avec d’autres formes de vies appartenant à d’autres dimensions sans forcément les percevoir ?

exploration mars

La conquête spatiale de Mars fonde le problème de l’aptitude de l’Homme à s’ouvrir à l’inconnu. Inconnu que la terre recèle.
0 réponses

Répondre

Want to join the discussion?
Feel free to contribute!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Veuillez répondre à la question suivante *