« Des économies de bouts de chandelle », « le jeu n’en vaut pas la chandelle »,  « brûler la chandelle par les deux bouts », « tenir la chandelle »… Mais quelle est donc cette chandelle qui occupe une telle place dans nos expressions ?

origine des mots et expressions françaisesDans notre rubrique « Pourquoi tu dis ça ? », Marion, prof  de soutien scolaire français, nous fait revenir quelques siècles en arrière lorsque le confort de l’électricité n’existait pas encore. Il fallait alors s’éclairer à la bougie ou plutôt aux chandelles comme on disait à l’époque, petits objets auréolés d’un caractère précieux. Imaginez en effet, au XVIe siècle par exemple, l’importance que pouvait avoir ce petit bâton de cire qui, s’il venait à manquer, plongeait toute la pièce dans l’obscurité dès la nuit tombée… Car pour bien des personnes qui vivaient modestement, la chandelle représentait quelque chose de coûteux qu’il ne fallait absolument pas gaspiller en faisant bien attention de l’éteindre dès qu’elle n’était plus nécessaire. Une solution consistait notamment à conserver les restes des bougies devenues inutilisables pour les revendre à un cirier qui en fabriquait de nouvelles avec. Pour les personnes plus aisées, ces petites épargnes leurs semblaient ridicules d’où l’expression « des économies de bouts de chandelle » lorsque l’on veut parler d’économies dérisoires (mais là, nous rentrons dans le domaine des mathématiques) avec la plupart du temps une connotation mesquine.

 chandelle

Brûler la chandelle par les deux bouts

On comprend donc à présent ce que pouvait représenter pour les personnes modestes l’idée folle de « brûler la chandelle par les deux bouts » !!! Faire fondre deux fois plus vite ce bâton si précieux relevait de l’inconscience et éclaire notre seconde expression utilisée pour parler du gaspillage mais aussi de la manière de dépenser son argent sans compter et sans tenir compte des risques.

Le jeu n’en vaut pas la chandelle

Quant à l’expression « le jeu n’en vaut pas la chandelle », là encore elle se réfère à la valeur de ces dernières qui, ne l’oublions pas, avaient pour but d’éclairer les maisons mais aussi les tavernes où se retrouvaient les joueurs de cartes. Au Moyen Âge il était de coutume pour ces derniers de laisser une petite partie de leurs gains pour dédommager le patron de l’établissement pour la chandelle. Or si la soirée avait été mauvaise pour l’un d’entre eux, il arrivait que celui-ci n’ait même pas assez d’argent pour laisser une pièce ! Le jeu n’avait donc même pas payé la chandelle… Cette expression est donc utilisée aujourd’hui pour parler de quelque chose qui n’en vaut même pas la peine.

Tenir la chandelle

Mais qu’en est-il de la fameuse expression « tenir la chandelle » ? Elle aussi se réfère-t-elle à la valeur qu’avaient alors ces bâtons de cire ?  Nous allons voir au contraire que bien qu’il s’agisse des mêmes chandelles, cette expression est plutôt née dans les milieux favorisés qui ne lésinaient pas sur l’utilisation de cette cire. Aussi, son origine est-elle plutôt amusante et… étonnante ! Car si aujourd’hui personne n’apprécie de tenir la chandelle, soit de se retrouver la tiers personne d’un rendez-vous amoureux, cette situation était encore plus délicate il y a quelques siècles. Car celui qui occupait cette place n’était personne d’autre que le domestique qui, suivant les ordres de son maître, devait réellement tenir une chandelle pour éclairer la pièce pendant que ce dernier s’adonnait à ses ébats amoureux… Le domestique avait bien entendu l’ordre de tourner le dos !

Devoir une fière chandelle

Dans l’histoire de notre langue, il est une expression contenant le mot « chandelle » qui ne tire pas son origine de ces bougies qui ont éclairées les maisons pendant des siècles. Il s’agit de « devoir une fière chandelle ». Il convient tout d’abord de préciser que le terme « fière » ne s’entend pas ici dans son sens contemporain pour parler de quelque chose de digne et honorable. En effet, en ancien français fier désignait quelque chose de grand, de remarquable, d’extraordinaire. C’est ce sens-là qu’il faut retenir pour notre expression. Quant à la chandelle, bien qu’il s’agisse toujours d’un bâton de cire dont on allume la mèche, il renvoie plutôt aux cierges des églises systématiquement brûler autrefois en reconnaissance à Dieu et à une personne qui nous a rendu un grand service, voire qui nous a sauvé la vie. On comprend donc mieux pourquoi l’on doit une « fière chandelle » à quelqu’un envers qui nous avons une grande reconnaissance pour nous avoir tiré d’un mauvais pas !

36 chandelles

Marion espère que cet article de soutien scolaire collège (niveau cinquième quatrième) ne vous a pas mis KO… et que vous n’avez pas vu 36 chandelles.

0 réponses

Répondre

Want to join the discussion?
Feel free to contribute!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Veuillez répondre à la question suivante *